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40 ans de la vie d'une femme

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Une actualité de Véronique D.
Publié le 16/03/2016

thumbnailca5xlq20.jpg« Pure Jade ». Telle est la signification du prénom de Wang Ts’iyao, personnage emblématique de l’âme féminine au cœur de cet envoûtant roman qu’est Le chant des regrets éternels.

Véritable parangon de la femme shangaïenne, élégante en toute circonstance, sensible autant qu’émouvante dans son refus d’abdiquer face aux forces du temps qui passe, Wang Ts’iyao n’est pas sans rappeler les personnages de Stefan Zweig ou même les héroïnes des grands romans russes. On pense inévitablement à Vingt quatre heures de la vie d’une femme ou même, par certains aspects du personnage et de son destin, à Anna Karénine.

Après un prologue fascinant de quatre courts chapitres qui décrivent par le menu Shangaï et ses tortueuses ruelles vues par les pigeons des toits, témoins privilégiés bien malgré eux des activités des hommes qui s’agitent sous l’ombre de leurs ailes, Wang Anyi dévoile son personnage comme « l’archétype des jeunes filles des ruelles de Shangaï ».

On ne sait bientôt plus si c’est Shangaï, à travers son Histoire (de 1945 aux années 80) qui se fait l’allégorie de la vie de Wang Ts’iyao ou si c’est l’histoire de cette jeune et belle jeune fille face à son destin qui devient la métaphore d’une ville redessinée par le temps et les événements.

Des années de fête où la jeune fille deviendra reine de beauté dans une ville qui se veut légère et fière de son opulence retrouvée après la guerre, aux années 80 qui laissent percevoir les prémices d’une mondialisation qui écrase les personnages par l’importance donnée à l’argent, au factice et à une modernité sans charme, Le Chant des regrets éternels est porté par le souffle des romans épiques. Il a aussi le charme d’une peinture appliquée de l’âme humaine et surtout de l’âme féminine dans ses questionnements intimes et inquiets, ses fragilités, ses attentes, ses espoirs et ses déceptions.

Cet ample roman a la délicatesse des fleurs de camélias, des qipao brodés qui éclosaient dans les rues du Shangaï d’autrefois comme autant de fleurs colorées après l’hiver. Il a aussi la noirceur des grandes tragédies et le goût légèrement amer de ce qui n’est plus, du temps trop vite enfui, nostalgie nimbée toutefois d’une constante poésie.

 

L’injustice majeure serait de ne pas rendre grâce ici à la merveilleuse traduction du duo Yvonne André et Stéphane Lévêque qui a livré aux éditions Picquier un texte d’une grande limpidité, souple et fluide comme une pièce de soie…Absolument magique !

 

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