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Mise en boîte

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Une actualité de Karine G.
Publié le 30/08/2013

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Vous aimez le fantastique et le cinéma ? Foncez voir The Box, véritable petit bijou du genre, vous allez a-do-rer !

 

Votre libraire est sorti enchanté de sa séance, captivé d'un bout à l'autre, scotché  dans son  fauteuil, et titillé sur la fin par un nom apparaissant au générique : Richard Matheson... Grand maître du fantastique, à l'imagination incroyable, en un mot, génial Matheson ! Si l'on vous sussure à l'oreille quelques-uns de ses titres, nul doute que l'un d'entre eux ne manquera pas de se rappeler à votre bon souvenir : L'homme qui rétrécit, Je suis une légende, Duel, Hypnose, Le jeune homme, la mort et le temps, Au-delà de nos rêves, Les seins de glace, La maison des damnés...  La plupart ont fait l'objet d'adaptations cinématographiques, signées par exemple Steven Spielberg, Georges Lautner, Jack Arnold, Francis Lawrence, Vincent Ward, David Koepp...

Après enquête, il s'avère que The Box s'inspire bien d'une nouvelle de Matheson, dont le titre original Button, Button, a été traduit en français par Qu'y a-t-il dans la boîte ou par  Le jeu du bouton. Ce fut un véritable défi que de la dénicher au milieu des quelque deux cents nouvelles écrites par Matheson, prolifique en la matière, autant dire une goutte d'eau dans l'océan. On la trouve dans le recueil Au bord du précipice et autres nouvelles publié dans la collection Etonnants Classiques chez Flammarion et dans le tome 3 des Nouvelles (1959-2003) disponible en J'ai Lu. C'est une nouvelle très courte, à peine 6 pages, et votre libraire, étonné, s'est demandé comment elle pouvait donner lieu à un film long de presque deux heures !

Chapeau au scénariste, Richard Kelly, qui a aussi réalisé The Box et qui a su inventer, à partir de la nouvelle, un univers cinématographique inquiétant, insolite, étoffant l'idée originale de Matheson par l'ajout de détails, tout en en respectant l'esprit, du grand art !...  Venons-en à l'histoire elle-même : imaginez que vous receviez une étrange boîte munie d'un bouton, et que l'on vous propose d'appuyer sur le dit bouton,  geste qui, vous dit-on, déclenchera dans le même temps "la mort de quelqu'un que vous ne connaissez pas" et vous assurera en retour de recevoir une somme qui fait rêver... Vous commencez à cogiter et c'est là que le doute s'immisce et que l'histoire bascule dans le fantastique. Raisonnablement, appuyer sur un bouton n'a jamais tué personne. Mais si on se met à y croire, jusqu'où cela peut-il aller ? Sans parler de l'appât du gain, qui peut inciter à appuyer sur le bouton. Et la morale, dans tout ça ? La logique du fantastique est souvent de pousser jusqu'à l'inéluctable une situation, et voilà que le spectateur ou le lecteur pousse insidieusement la porte derrière laquelle se cache une quatrième dimension...

En s'amusant à pointer les différences entre le film et la nouvelle, votre libraire découvre que le début est déjà autre : dans la nouvelle, Mme Lewis (interprétée à l'écran par Cameron Diaz) découvre un paquet déposé sur le seuil tandis que dans le film le couple Lewis est réveillé en sursaut au petit matin par un coup de sonnette...  Le personnage qui apporte la boîte, Mr Steward,  est très inquiétant à l'écran, une partie de son visage a été arrachée, il fait peur ; Norma Lewis souffre dans le film d'un handicap, son pied est déformé, alors que sous la plume de Matheson elle n'a rien de singulier. Dans le film, le couple est uni et solidaire dans la décision qu'ils vont prendre, tandis que dans la nouvelle Norma agit sans l'accord de son mari, mais chut, n'en disons pas plus pour ne pas gâcher le suspense... Alors que Matheson construit sa nouvelle sur le sens moral d'Arthur, le film, lui, repose tout du long sur une totale ambiguïté. La chute de la nouvelle tombe comme un couperet, tandis que le film propose une autre fin, sans négliger le propos de Matheson, glissé subtilement dans le déroulement de l'histoire. Le moins que l'on puisse dire c'est que Richard Kelly a réussi avec brio sa mise en boîte !

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