Chargement...
Chargement...


Ablutions

1978_ablutions
Une actualité de Fleur Cattiaux
Publié le 21/09/2013

Patrick deWittAlerte à l'explosif ! Avec son titre accrocheur et sa couverture psychédélique, le premier roman de Patrick deWitt est une véritable bombe ! Jeune gringalet de trente-deux ans, le narrateur d'Ablutions, notes pour un roman (Ed. Actes Sud) officie soir après soir derrière le comptoir d'un sombre bar de Los Angeles. Pour éviter de parler de sa propre vie qui semble lui filer entre les doigts depuis qu'il s'est mis à consommer de façon plus que régulière alcool et stupéfiants, il dresse dans un premier temps le portrait des habitués, puis des femmes qu'il fréquente une fois que la sienne l'a quitté, nous campant une galerie de personnages hauts en couleurs composée principalement de ratés qui traînent dans leur sillage leurs multiples échecs et rêves brisés. Le cynisme et l'humour noir se mêlent à l'amertume et au désespoir pour décrire l'errance psychologique et bientôt physique du narrateur dans les bas-fonds de l'ouest américain.

Quant à la forme que prennent ces notes, c'est celle d'une succession de paragraphes plus ou moins courts dont le rythme n'est pas sans évoquer celui d'une session d'enivrement. Les verres s'enchaînent, mais ne se ressemblent pas. Il y en a que l'on prend le temps de siroter afin de profiter pleinement des subtilités de leur saveur, suivant ainsi l'évolution entre la première et la dernière gorgée. D'autres, au contraire, sont avalés à la hâte parce que sans intérêt ou trop familiers, ou tout simplement par manque de temps. Il en va de même pour ces énergumènes qui fréquentent le bar. Certains méritent bien qu'on leur consacre plusieurs pages, d'autres ne valent rien de plus qu'un paragraphe furtif. Mais pour sa part, la prose reste colorée, poétique et imagée quoi qu'il advienne. A la différence de certains écrivains français qui aiment à décrire soirées arrosées et enneigées, Patrick deWitt sait manier la plume... Et pour ne rien gâcher, son traducteur, Philippe Aronson, a effectué un travail tout simplement exemplaire (1).

Vous l'aurez compris, si vous faîtes partie des amateurs d'histoires bien-pensantes et de romans à l'eau de rose, passez votre chemin, Ablutions n'est pas pour vous. Non, ces "Notes pour un roman" devraient bien plutôt faire le bonheur des lecteurs de Bukowski et  Lowry, sans oublier les sobres mais néanmoins déjantés écrivains qui sévissent sous le nom de Kotzwinkle, Elkin and co. A la vôtre !


(1) Né à New York en 1967 d'une mère française et d'un père américain, et résidant à Paris depuis une vingtaine d'années, Philippe Aronson a notamment traduit De la beauté de Zadie Smith, Le prix à payer d'Amberchele et dernièrement, deux romans publiés (ou sur le point de l'être) par la jeune maison 13e Note (Mémoires des ténèbres de Jerry Stahl et Limousines blanches et blondes platines de Dan Fante).
F.A.

 

Bibliographie

Abonnement

Derniers articles du blog "Ces mots-là, c'est Mollat" envoyés chaque semaine par mail