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Un livre, une bibliothèque

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Une actualité de David V.
Publié le 19/03/2016

mona-thomas.jpgIl va falloir surveiller de très près la couverture verte des éditions Stock, celles de la collection animée par Brigitte Giraud et nommée La Forêt car si les titres y sont rares, ils sont de qualité et bien différents de la collection bleue et de la collection rose (rouge?).  L'an dernier la découverte de Fabio Viscogliosi nous avait comblé et l'annonce, de sa bouche même lors de la dernière Escale du Livre, de la sortie d'un nouveau volume en septembre, comme un écho du premier, n'est pas sans nous ravir. Le livre qui nous intéresse aujourd'hui est tout autre, et sa singularité a de quoi enthousiasmer les lecteurs que nous sommes (et que vous êtes...), non pas du fait de son histoire voire de son pitch (mot affreux qui ressemble à ce qu'il est : un dévoiement de la notion même de roman qui devrait toujours se refuser au résumé, à la contraction) mais de son projet. Mona Thomas a imaginé dans La bibliothèque du Docteur Lise de nous confronter au rapport entre un médecin et ses livres, pas les manuels, les ouvrages spécialisés, non, la littérature, celle des romans, des autobiographies, des récits, celle qui croit aux pouvoirs de la fiction dans la vie réelle. Car Lise Ménard, cancérologue dans un grand hopital parisien, n'est pas de ces "purs" techniciens que fabriquent à longueur d'années les facultés de médecine, ces spécialistes très calés qui sont passés à côté des humanités pour n'être plus que des scientifiques. Elle subit la prégnance de la mort qui envahit son quotidien, des malades qui exigent, réclament, souffrent, mais elle ne tourne pas la page dès qu'elle quitte son service. Au contraire, elle vit sa culture acquise au fil des ans et "accumulée" dans sa bibliothèque au quotidien, ne la réservant pas pour un territoire secret mais la diffusant, la répandant, la partageant, au moyen de ces objets fragiles et précieux que sont les livres qu'elle prête, donne, perd, confie avec l'idée qu'ils ont à voir avec la guérison, le bien-être, la vie, voire la mort, la souffrance, l'univers de la douleur qu'a longtemps négligé le monde médical quand les écrivains savaient trouver les mots pour en parler. L'idée littéraire de Mona Thomas est de nous proposer un dialogue entre cette femme médecin, passionnée, vive, réactive et n'ayant pas les mots dans sa poche (pour cause...) avec un anthropologue venue la débusquer, parfois dans des moments difficiles, et l'obliger à se dévoiler. Lui n'hésite pas à s'incruster, à passer en revue les rayonnages ; elle, résiste, tempère, nuance mais c'est l'enthousiasme qui prend le dessus et se traduit par une liste impressionnante de références, de souvenirs intimes de lectures où apparaissent les noms les plus célèbres comme les plus négligés (la joie de voir quelqu'un se souvenir des Vieilles douleurs de Raoul Carson, paru chez Horay il y a plus de cinquante ans), qui témoignent d'une inextinguible curiosité. Un livre qui donne envie d'en lire cent, c'est mieux qu'une aubaine, c'est une chance, et Mona Thomas dans son livre généreux nous l'offre. Un livre qui réconcilie ces deux mondes trop souvent éloignés, la littérature et la médecine, c'est mieux qu'un hasard, c'est peut-être la preuve que les passerelles existent et doivent être entretenues. Un livre qu'il faudrait en tout cas ajouter à toutes les bibliographies universitaires, en Médecine...commme en Lettres.

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