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Argent facile

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Une actualité de Véronique D.
Publié le 08/02/2015

la boiteAvant, "la vie était chiante, mais facile ; on passait notre temps à faire les cons et à débattre de sujets qui servaient à rien en évitant au maximum de se dire des trucs vrais. A boire des bières et à mater des mecs se faire tuer dans des séries. sauf que cette fois, les mecs, c'était nous. Et personne n'allait nous dire combien de saisons on tiendrait."

C'était avant la boîte.

Sous le banc où ils usent leur fond de jogging un jour après l'autre, elle est là. Tentante. "La curiosité est un vilain défaut disait la grand-mère de Malt". Le vieil adage va revenir à la mémoire du jeune homme un poil trop tard, une fois l'engrenage fatal mis en place. Dans cette boîte, 20 € cachés dans un simple papier plié en deux où est griffonné un  numéro de portable. Une aubaine pour Malt et Jen, sa petite amie, 40 ans à eux deux et pas un sou en poche. Et encore moins d'espoir d'en avoir dans cette cité de la ville d'Edens au nom qui sonne comme un pied de nez pour ces "enracinés du bitume". Le paradis est bien loin. De là à ce que l'enfer se rapproche...

Le lendemain, sous le banc, 40 € les attendent avec une promesse sur le petit papier blanc :"dix mille demain. A huit heures sous le banc. Moyennant un petit service. Si tu acceptes, envoie un SMS à ce même numéro. (...) On te fera signe."

10 000 €. La fortune. Le rêve à portée de main. Pourquoi Malt est-il le seul à sentir que ce "petit" service va peser beaucoup trop lourd dans la balance ?

La boîte est de ces romans qui vous prennent aux tripes et s'en prennent autant à votre corps qu'à votre âme : un scénario diablement efficace, des personnages touchants (ou tête à claques, c'est selon) qui se jettent dans la gueule du loup (mais qui est-il ?) et voilà que l'on devient fébrile, que le cœur s'accélère et que les yeux ne vont pas assez vite pour grignoter cette histoire qui met les nerfs en vrille. D'autant que si l'action est formidablement  menée, l'émotion est là tout autant. Anne-Gaëlle Balpe est aussi à l'aise dans les scènes de pure tension que dans les moments d'introspection grâce au très beau personnage de Malt, narrateur du roman, petit frère de tous ces héros de films ou de romans noirs dont cette jeune romancière doit être bien friande pour mener aussi bien ce roman qui pourrait bien devenir un modèle du genre.

Adultes, ne vous abstenez surtout pas et avis aux cinéastes, penchez-vous donc sur ce texte cinématographique en diable. Les personnages de La boîte fustigent les clichés accrochés aux "jeunes des cités" et le tableau brossé sonne vrai grâce à des dialogues totalement convaincants, dans une langue volontairement relâchée qui vient en contrepoint des pensées de Malt, celles d'un jeune homme en proie à l'angoisse tout en étant confronté à des choix qui vont faire de lui un homme. Un très beau personnage, d'une grande richesse, digne jusque dans l'horreur, pas super héros mais conscient, jusqu’au bout de ce que sont le Bien et le Mal et de son rôle à tenir. Debout .

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