Blanche, 15 ans, traine sa colère sur une route et revient sur ce qui a déclenché son départ, sa fuite. Une mère repliée sur ses pages de papier, dans son monde de mots qu'elle protège jalousement. Une mère qui pour un mot de trop a fait voler en éclat le bel équilibre du trio familial. Le père, écarté, habite désormais l'immeuble en face, tellement près qu'il peut voir chez elles deux les lumières s'allumer puis s'éteindre comme un sapin qui clignote. Et si Blanche a choisi de rester avec cette mère qu'elle aime tant, elle n'en n'est pas moins déchirée, écartelée.

Dans cette famille il y a des mots en trop et des mots trop cruellement absents. Une ombre se dessine au fil du récit, obscure, pesante comme un secret. Agnès de Lestrade en laisse percevoir la nature par petites touches discrètes mais limpides pour le lecteur. Il n'en reste pas moins un texte délicat qui parle de douleur et d'absence, de deuil et de solitude mais aussi d'amour et de tendresse. Tu as toujours aimé Bob Marley est un très joli récit, pudique et touchant, qui souligne s'il en était besoin l'importance de la parole, l'absolue nécessité de mettre des mots sur les émotions et les blessures de la vie.