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Les lycéens écrivent aussi (4e édition - billet n°2)

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Une actualité de Fleur Cattiaux
Publié le 05/11/2012

Billet sur sur No et Moi de Delphine de Vigan

Avec comme thème principal les sans-abris, ce roman reflète notre société contemporaine. Cette œuvre m’a beaucoup appris sur la dure vie des sans-abris. Ou plutôt leur survie, dans notre société. Le fait de chaque jour rechercher un endroit où dormir, partir à la quête de nourriture ou d’une place au chaud, voilà des actes que j’ai la chance de ne pas avoir à faire quotidiennement. On se sent coupable à la lecture de se livre, coupable d’être impuissant face à ces phénomènes, coupable de ne pas pouvoir sortir complètement un sans domicile fixe de sa situation, malgré tous les efforts qui peuvent être faits.

J’ai aimé ce récit car il décrit une histoire qui, au début, parait impossible. Lou Bertignac, adolescente très intelligente pour son jeune âge, se lie d’amitié avec une jeune SDF, surnommé No. C’est à la gare d’Austerlitz que commence leur relation particulière. Lou, décidée à changer les choses grâce à son esprit plutôt utopiste, tente l’impossible afin de sauver son amie : l’accueillir chez elle, malgré leurs différences, dans le but de la réinsérer dans la vie sociale, lui faire reprendre des forces, lui trouver un travail, lui donner une chance de refaire, ou plutôt faire, sa vie. Seulement la famille Bertignac est en déséquilibre total depuis la mort de leur petite Thaïs, à l’âge de deux mois. L’arrivée de No chez la famille de Lou entrainera diverses conséquences, positives ou non. La renaissance de la famille Bertignac, et surtout celle de la mère de Lou, en dépression depuis la mort de son bébé, le prometteur départ à zéro de No, accompagné de tous les espoirs de son amie Lou, cela sera mis en péril par divers facteurs, divers acteurs réels de notre société aux sombres intentions.

Une relation faite d’amitié et de complicité entre une jeune fille de 13 ans, surdouée, et une sans abri de 18 ans, cela parait très surprenant. Mais au fil de l’histoire j’ai compris que leur solitude et l’exclusion qu’elles ressentent les rapprochent beaucoup, et je trouve que c’est une belle histoire d’affection très intense car Lou prend parfois No pour la sœur qu’elle n’a malheureusement jamais vraiment eue. Quant au personnage de Lucas, « l’amoureux secret » de Lou, je me suis rendue compte que lui aussi se sentait délaissé par ses parents. Finalement, les trois personnages principaux du livre ont ce point commun, ils sont tous trois victimes d’une forme de démission parentale, cause de leurs errances et souffrance même si les degrés de l’abandon sont différents pour chacun. Et pourtant, tous trois, grâce à leur entraide mutuelle, vont grandir ensemble pendant un moment et évoluer dans ce monde, en découvrant l’amour, la violence et l’espoir. Un livre d’abord touchant, même bouleversant pour certains, mais surtout réaliste et humaniste. Delphine de Vigan y fait ressortir l’injustice de la vie à travers les pensées, les mots d’une jeune fille de 13 ans, et cela est réussi. La lecture de cette œuvre entraine chez le lecteur une remise en cause certaine de sa place dans notre société contemporaine, une société qui exclut avec dureté les plus démunis... L’espoir mène cette histoire, l’espoir de Lou se mêle au nôtre afin de sauver No, mais la fatalité de ce monde nous ramène finalement à la réalité. Delphine de Vigan raconte une belle histoire, malgré sa fin, qui m’a laissé pensive : que devient No après avoir laissé Lou toute seule pour la protéger ? La lueur finale positive est bien évidemment le « réveil » de la mère de Lou qui semble avoir retrouvé, avec le goût de vivre, l’intérêt et l’amour pour sa fille mais cette fin me semble néanmoins dure et triste car c’est aussi la fin d’une belle amitié improbable et une marche vers la déchéance programmée pour No…

Le personnage auquel je me suis le plus attaché est évidemment celui de Lou, cette adolescente déjà très mature pour son âge, et qui, plus ou moins abandonnée par ses parents, se sent indéniablement seule. On ressent réellement sa solitude à travers ses mots. Surtout lorsqu’elle parle de sa mère : « Plus jamais elle ne pose la main sur moi, plus jamais elle ne touche mes cheveux, ne caresse ma joue, plus jamais elle ne me prend par le cou ou par la taille, plus jamais elle ne me serre contre elle. » La dureté de cette situation est très touchante, elle nous donne envie de prendre Lou dans nos bras, pour la sortir de cet abandon. Par ailleurs, j’éprouve une sorte d’admiration envers No, car elle a tout appris seule dans la vie. Malgré le fait qu’elle n’ait pas de travail, qu’elle n’ait pas reçu d’éducation, qu’elle ait toujours été abandonnée par sa mère, elle parvient à trouver le sourire avec Lou et Lucas, dont la générosité est admirable aussi. C’est un livre qui fait réfléchir. Surtout lorsqu’on lit et relit cette phrase : « On est capable d'envoyer des avions supersoniques et des fusées dans l'espace, d'identifier un criminel à partir d'un cheveu ou d'une minuscule particule de peau, de créer une tomate qui reste trois semaines au réfrigérateur sans prendre une ride, de faire tenir dans une puce microscopique des milliards d'informations, On est capable de laisser mourir des gens dans la rue. » Que suis-je en mesure de faire pour aider un sans abri ? Et si tout le monde faisait comme Lou, recueillait un SDF afin de le réinsérer dans la vie sociale ? Mais voilà, nous n’avons pas ce courage, et nous sommes bien trop égoïstes pour tenter de changer la situation, de plus ce sujet est assez tabou dans notre société.

Billet de Fanny Lorenzo, étudiante en B.T.S. Commerce International 1ère année.

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