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Les lycéens écrivent aussi : les lauréats de l'édition 2011 !

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Une actualité de Adeline
Publié le 05/11/2012

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Les jurés du concours « Les lycéens écrivent aussi », organisé conjointement par la librairie Mollat et le lycée Condorcet, se sont réunis pour élire les lauréats de cette nouvelle édition.

Le choix fut difficile – chacun des trente billets, que vous avez pu lire au cours des dernières semaines sur notre blog, dégageait une saveur particulière – mais le jury est parvenu à en extraire trois d’entre eux.

Chacun des lauréats a été récompensé par un prix, composé de livres et de chèques cadeau Mollat, remis lors de la cérémonie qui se déroulait dans les salons Albert Mollat mercredi dernier– l'ensemble des auteurs de billets ayant participé à l'aventure a également été vivement salué.

Voici les noms du tiercé gagnant de « Les lycéens écrivent aussi » 2011, accompagnés des billets qui leur permirent de se distinguer :

 

Premier prix : Victor Bordenave, étudiant en B.T.S. C.I.2, pour sa critique littéraire sur Victor ou les enfants du pouvoir de Roger Vitrac (Gallimard).

 

Subversive, corrosive et pertinente sont pour moi les trois adjectifs qui qualifient le mieux l’œuvre de Roger Vitrac. Victor ou les enfants au pouvoir, ou encore, la société bourgeoise vieillissante de l’entre-deux-guerres à travers les yeux d’un enfant de neuf ans, précoce, trop lucide et trop intelligent pour son âge. Le jour de son anniversaire, un choix s’offre à lui, mourir ou devenir adulte. Mais pour Victor, devenir adulte et suivre tout au long de sa vie le format de la société, c’est aussi mourir. Il choisit donc vitrac.jpgde mourir une bonne fois pour toutes et avant de partir, fait voler en éclat tout le non dit social qui l’entoure et qui l’a toujours écrasé, forcé à être l’enfant parfait, l’élève modèle et qui finalement, l’a tué. Il prend un profond plaisir à manipuler, tromper et humilier les adultes quel que soit leur statut, ainsi qu’à révéler l’adultère de son père, ce qui ne sera pas sans conséquences… Victor semble être à première vue un personnage totalement chimérique, mais on se rend compte au fil de la pièce que c’est lui qui est le plus réel de tous, le plus vrai et le plus blessé. Beaucoup se reconnaîtront en lui. La fracture entre deux générations, l’inversion des rôles établis par la société, le détournement des règles de bienséance, l’utilisation ingénieuse du burlesque et de l’improbable : Vitrac a trouvé la recette idéale pour Victor qui a fait de lui une référence du genre surréaliste. Ce livre risquera de plaire à ceux qui n’ont jamais perdu la flamme de l’insolence et à ceux qui cherche à la retrouver. Je me tente enfin à résumer cette pièce en une phrase : c’est un anniversaire, après tout.

 

 

Deuxième prix :  Margaux Belval, étudiante en B.T.S. C.I.1, pour sa critique littéraire sur 24 heures de la vie d’une femme de Stefan Zweig (LGF).

 

24h de la vie d’une femme, deux heures de la vie d’un lecteur…

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Stephan Zweig ou l’art de manier et de décrire les sentiments. 24 heures de la vie d’une femme est une nouvelle assez longue qui allie la force de l’émotion à l’intérêt pour une intrigue haletante. Dans cette histoire, Zweig nous dépeint avec ingéniosité et finesse une fresque de la société française du début du XX° siècle. Plusieurs thèmes sont abordés tels que l’amour, l’addiction aux jeux et surtout la condition de la femme face aux mœurs de l’époque. Pendant ces deux heures de lecture nous sommes plongés au cœur de la vie passée d’une dame anglaise via le procédé littéraire du récit enchâssé. Au sein d’une pension de famille, éclate un scandale causé par une femme qui a abandonné son mari pour suivre un homme plus jeune qu’elle, tous les pensionnaires sont en émoi et dénonce violemment l’attitude inacceptable de cette femme légère, tous sauf une vielle dame qui ne dit mot et le narrateur qui ose prendre la défense de la fugitive. Son attitude lui vaut de s’attirer la bienveillance de la dame qui décide de lui confier la passion dévorante qu’elle a éprouvé autrefois pour un jeune homme rendu suicidaire suite à son addiction aux jeux de casino. Pour lui, elle a renoncé à toute morale, à tout bon sens, à tout orgueil, voulant vivre dans son intensité la plus absolue la folle attirance qui la poussait vers lui. Zweig arrive, par son écriture, à nous fasciner, nous immerger dans un torrent de sentiments mélangés et confus. C’est alors que nous sommes comme happés par la complexité des sentiments qu’une femme peut éprouver et ce dans un temps si court qu’il devient presque éprouvant pour le lecteur de s’imaginer comment il est possible de vivre autant d’émotions en même temps alors qu’elles peuvent être contradictoires. La magie s’opère, on « entre » dans le cœur de cette femme meurtrie, on vibre et on souffre avec elle et on espère jusqu’au dernier moment…

Il s’agit là d’une des nouvelles les plus abouties de Zweig, avec une fin mélancolique comme il les aime. Dans cette nouvelle, n’importe quelle femme pourrait se reconnaître. Deux heures de lecture intenses et beaucoup d’autres à repenser à la folle modernité de cette héroïne qui nous parle de nous et dont l’aventure pourrait nous arriver aujourd’hui encore plus qu’hier…

 

Troisième prix : Lisa Lucquiaud, élève de seconde 4, pour sa critique littéraire sur Le dossier H d’Ismaïl Kadaré

Ami lecteur, si tu aimes les histoires d’action et de polar sur fond de faits historiques, réjouis-toi, le livre que tu cherches est enfin arrivé ; il s’agit du Dossier H d’Ismaïl Kadaré.

dossierh.jpgDans ce voyage merveilleux qu’est la lecture, tu découvriras l’Albanie profonde, où les superstitions sont encore présentes, où le machiavélisme n’est jamais bien loin, et où la suspicion, les espions et les personnages louches rôdent…

Car arrivés sur place, Max Roth et Willy Norton, deux brillants diplômés new-yorkais, venus élucider le mystère homérique (Homère a-t-il crée de toutes pièces L’Odyssée ou n’est-ce qu’une compilation de légendes albanaises ?), ne peuvent que se rendre compte de la froideur de leur accueil et du scepticisme concernant leur profession…

Pour le sous préfet de N… , petite ville albanaise anonyme, leur venue n’a rien à voir avec les derniers rhapsodes, seuls et rares détenteurs des épopées, qui sillonnent l’Albanie d’auberges en auberges… Et pourquoi avoir choisi un motif aussi absurde pour venir en Albanie ? Les prenant pour tout autre chose que de simples chercheurs, il envoie Dul Lassoupente, son espion préféré sur leurs traces afin d’en savoir plus sur leurs réelles motivations…

Willy Norton et Max Roth vont-ils survivre ? Se rendent-ils compte de la menace qui pèse sur eux ? Autant de questions auxquelles vous pourrez répondre après avoir lu Le dossier H d’Ismaïl Kadaré, décidemment un excellent livre, indispensable de par sa riche fresque historique et épique.

Pour finir, tous les membres du jury (Sophie Ducharme, auteure de livres Jeunesse et marraine du club Ados Mollat, Colette Rayssac, retraitée de l'enseignement public, Dominique Dat, responsable de la section Jeunesse de la bibliothèque du Grand Parc, Véronique Durand, libraire au rayon Ados, Simon Baudry, lycéen, membre du club Ados, Ibrahim NDiaye, chargé de mission "Egalité des chances" à Sciences Po - Bordeaux, et Jean-Sébastien Giet, assistant-webmaster) ont décidé d'un commun accord de publier la savoureuse critique émise par l'un des leurs, lors des délibérations, à propos du billet de Julien Severo sur Le grand cahier d'Agota Kristof :

 

 Style dépuoillé imprégné de la dissection froide, méticuleues et non émotive du livre,laissant imaginer le cynisme et la pêrfidie des héros du roman. L'auteur s'approprie la langue d'Agota Kristof...

Ce lecteur n'a pas renoncé malgré la difficulté du texte étudié.

Diversité et précision des adjectifs.

L'analyse de fonds est pertinente te bien comprise. Cette oeuvre est dérangeante, à juste titre et le billetiste l'expose avec talent.

En cherchant à le transposer de nos jours, voire en relatant un fait divers, le chroniqueur, bien que semblant faire l'impasse sur les conditions de précarité extrême liées à la guerre, mettant le pied dans la réalité contemporaine, élargit le champ du roman.

Ebranlé  lui-même par sa lecture, il en tire la juste et terrible conclusion.

 

 Fabienne Séverin, lectrice assidue et rédactrice de fiches de lecture de manuscrits pour des auteurs dans le cadre de Comité de Lecture sur Internet.

 

Encore une fois, bravo à tous pour la qualité de cette nouvelle édition et rendez-vous l'année prochaine !

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