Imaginez une cité partiellement en ruines, entre terre et eau, dont les habitants sont soumis à la loi de la Lady, mystérieuse femme masquée et vêtue de noir, qui, entourée de douze lords, fait régner la terreur. Dans les ruelles, entre les palais qui ont bien du mal à faire croire encore à leur faste de jadis, des silhouettes se pressent, inquiètes et vigilantes. Plusieurs dangers menacent les habitants pris entre les rebelles, qui veulent la chute de la Lady et donc de la dictature et les soldats toujours fidèles au pouvoir en place. A qui se fier dans ce contexte de peur permanente où chacun est susceptible de jouer un double jeu ? La Willla, rivière au cours puissant et dont les courants sont redoutés par tous semble tenir la ville au piège au gré de ses détours et apparaît, elle aussi,  comme un danger permanent, refuge pour les serpents et autres animaux aquatiques dangereux. Et que dire des Echos, créatures translucides comme l'eau, sur lesquelles courent des histoires à vous glacer les sangs...

Au cours d'une de ses sorties illicites dans les rues de la ville, Jade se trouve face à face à un Echo qu'elle va protéger des chasseurs qui le traquent. Pourquoi son instinct l'a t-il poussée à agir de la sorte, se mettant en danger pour cet être qu'elle est censée fuir ? Pourquoi, en rencontrant peu après Faune, jeune homme proche du pouvoir, ne peut-elle s'empêcher d'être attiré par lui qui est son ennemi ?

Les questions se bousculent dans ce roman très original de Nina Blazon : l'auteure prend le pari de prendre le temps d'installer une ambiance, un décor, un mystère, avant de commencer à donner les moindres clés à son lecteur et le charme du roman tient en partie à cet effet d'immersion dans l'étrangeté du décor. Au final, Jade, fille de l'eau est un roman qui interroge sur l'engagement, la différence et la dictature sous une forme inattendue, originale et poétique.