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Tatouée

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Une actualité de Véronique D.
Publié le 05/09/2015

9782330053758A quoi ça ressemble un tatoueur ? Look de biker, moustachu, costaud tatoué partout forcément. C’est en tout cas à ça que s’attendait Elsa. Celle qui va réaliser son tatouage ressemble plus à une « infirmière débutante » ; sage, lisse, peau nue, ongles roses vite dissimulés par des gants chirurgicaux. Ici tout est net, propre, aseptisé. Reste à choisir le motif et pour Elsa, ni fleurs ni chaton ni dragon ce sera : 146298, une suite de chiffres gravée à tout jamais sur la peau tendre de son poignet. Avec à ses côtés Tarek, celui qu’elle aime et qui se croit (à tord) responsable de ce choix bizarre, Elsa serre les dents et attend la douleur... C’est en classe de troisième qu’Elsa comprend comme un éblouissement l’origine de ce tatouage sur le poignet de sa grand-mère. En classe de troisième seulement pourrait-on dire. Mais sans doute y a-t-il des familles où le passé est tu soigneusement, même s’il y a des phrases, prononcées sans y penser, qui éclairent l’histoire familiale de façon singulière ; ne dit-on pas dans la famille qu’Elsa a « tout attrapé de sa grand-mère » ?

Rachel Corenblit signe là un texte que je vous mets au défi de lire sans larmes. Elsa a voulu des réponses, des explications et le récit de sa grand-mère vient se nicher au cœur du texte, tissé de petites phrases au souffle court pour dire l’indicible récit du voyage vers l’horreur. Comment survivre ? Comment continuer ? Comment faire pour continuer à exister dans cette machine à exterminer ? « N’essaie pas d’imaginer » dit la grand-mère à sa petite fille. Alors Elsa essaye d’avoir soif, faim, froid comme celle qui a survécu à tout ça. Mais comment penser l’impensable ? Et comment ne pas comprendre le sourire de la vieille dame dont la mémoire vacille vers l’oubli, enfin, comme un soulagement ? 146298 est un texte d’une force inouïe, ardent, dont le souffle tendu fait de colère mais aussi de tendresse bouleverse et atteint son lecteur au cœur. La preuve est faite, une fois de plus, dans cette magnifique collection dirigée par Jeanne Benameur et Claire David, que l’on peut écrire un très grand livre avec un tout petit nombre de mots ! A lire à voix haute, à partager, à faire passer : essentiel !

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