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Une chose qui ne tourne pas rond

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Une actualité de Sarah P.
Publié le 25/05/2016
Ils forment un triangle d'or ces trois là... Rubens le chien, Cali sa sœur jumelle et lui. Ils s'aiment d'un amour un peu pousse-toi-de-là-que-je-m-y-mette et lorsqu'on aime vraiment, on a conscience que les autres n'ont pas que des qualités. Le seigneur de Rubens c'est la balle, c'est SA balle. Elle est unique et il ne jure que par elle, outre son sentiment de fierté quand il voit se dessiner les sourires reconnaissants de ses deux petits maîtres, il la cherche et la ramène avec une obstination un peu bête dont seuls les toutous arrivent à faire preuve. Comme la plupart des jumeaux, Cali et lui ont inventé leur propre langage qui leur permet d'échanger en toute intimité : le lanvère, l'envers du verlan mais avec un peu de verlan quand même. Ils auraient pu continuer longtemps dans ce train-train joyeux mais la faiblesse de Cali est bien plus insidieuse et elle est logée tout là-haut, dans sa tête. Cali souffre d'un mal que tout l'amour fraternel et tous les bisous du monde ne sauraient ôter.chien Aussi, quand Rubens ne revient pas un matin après s'être carapaté pour la énième fois après sa balle fétiche, il sent que quelque chose ne tourne pas rond. C'est à ce moment que Cali est hospitalisée d'urgence et pour lui il n'y a pas de hasard... Si il retrouve le chien, Cali va guérir ; c'est d'une logique imparable. Comme quand on marche sur la mauvaise bordure du trottoir, on se fait manger pas les crocodiles. Ou si on ne voit pas trois voitures blanches passer devant la maison, il arrivera un malheur. C'est une superstition enfantine, il le sait, mais cela fonctionne à tous les coups. Sa détermination dans la quête du chien sera sa façon de ne pas rester là, bras ballants et inutile face à cet insecte infect qui grignote la tête de sa sœur. Mais cela suffira-t-il? Quoiqu'il en soit, aucune place pour le défaitisme dans ce roman; chaque phrase, chaque moment est une invitation à la légèreté, à l'humour et à l'irrévérence. Les recherches de notre jeune narrateur seront ponctuées par des visites dans l'univers aseptisé de l'hôpital mais le lien unique et étroit qui les relie tous deux agira comme une véritable bonbonne d'oxygène. " Je crois que je préfèrerais crever. - Moi aussi. - N'empêche, ils vont bien se marrer quand ils vont voir que tu n'as que deux neurones. - Et toi, ça ne servirait à rien de t'opérer. Ta tête d'oiseau, elle est vide. - Au lieu de reboucher le trou, demande-leur de te mettre une petite cheminée, ça fera sortir la fumée quand tu réfléchis pour dire des méchancetés." Hervé Giraud, qui avait détonné avec Prends ta pelle et ton seau et va jouer dans les sables mouvants, remet le couvert avec cette Histoire du garçon qui courait après son chien qui courait après sa balle. Mais très peu de points commun entre ces deux-là si ce n'est un style argotique nerveux et tout à fait irrésistible. Un auteur qui reproduit avec une aisance déconcertante le langage singulier de la jeunesse et surtout, de sa fougue libertaire. Parce que Cali et son frère incarnent la Liberté. Et sûrement pas cette stupide maladie qu'ils ne s'abaisseront pas à tutoyer. Il préfèrent regarder loin, très haut dans le ciel et main dans la main.  

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