Dès sa naissance, on sent bien que Jonah n'aura pas un destin comme les autres : il naît sans main et sa mère meurt juste après lui avoir donné son prénom... Là, on se dit que ça ne va pas être facile pour lui. Mais, contre toute attente, il va survivre ; et il doit cette chance à deux petites "entités" qui vivent dans sa tête. Entités, âmes, esprits, elles sont rapidement nommées "voix a" et "voix b" et sont clairement ce qui fait la particularité de Jonah. Elles semblent douées d'une vie propre, conversent longuement sur Jonah (parfois avec lui), sa vie présente et future, lui inspirent des rêves, le protègent, comme deux petits anges gardiens, et surtout, surtout, lui insufflent un souffle de vie qui en font un petit garçon épanoui et heureux de vivre. Sa force vitale,sa bonne humeur permanente déteignent d'ailleurs sur la vie à l'orphelinat qui depuis son arrivée est nimbée de félicité. Le directeur, M. Simon Simon (oui, c'est son nom !), un homme foncièrement bon qui aime et protège Jonah presque comme son fils, s'en réjouit et s'en inquiète tout à la fois. Jonah vit donc paisiblement son enfance entouré de ses fidèles amis Steve, Robert et Filipus et couvé par le regard aimant d'Alicia jeune orpheline muette, amour de sa vie. Mais cette belle harmonie va un jour être mise à mal par une fiente de corbeau qui va faire basculer la vie de Jonah... Taï-Marc Le Tanh, après nous avoir régalé de ses albums (Cyrano, Le grand courant d'air...) nous livre là son premier roman et le résultat est une vraie réussite. J'ai immédiatement été charmée par son héros/anti-héros et ses "habitantes", mais aussi par tous les personnages secondaires qui sont particulièrement bien travaillés(Ramon le jardinier, Martha et Big Jim, Le Dr Wilbur, Telman Whisk le fermier) et se révèlent surprenants. Personne n'y est tout blanc ou tout noir et c'est très agréable pour le lecteur. Ajoutez à cela une belle écriture, la construction du roman,riche de récits enchâssés qui ménage le suspens et vous avez là un roman que l'on ne peut pas lâcher. Bref, j'ai a-do-ré et je parie que vous aussi.