Tristan Garcia est né en 1981. D'ailleurs, son premier roman les évoque, ces années 80. Et ce roman est agaçant, essentiellement pour deux raisons. D'abord, il en parle très bien alors qu'il ne les a pas vécues, ces années 80, là réside le premier tour de force : jamais de passage autobiographique, de personnages égratignés à cause d'une vengeance mesquine, ici, tout est roman. Aussi, parce que ce livre est remarquablement écrit et construit : Tristan Garcia mène sa barque tel un vieux briscard, et sa narration est portée par une écriture serrée, faussement neutre, dont on sort marqué par l'indéniable rythmique, une petite musique obsédante, entêtante, répétitive, égrenée comme viaune boite à rythme discrète soutenue par quelques notes éparses au synthétiseur (échapper à l'image robotique des "tubes" des années 80 ? Hors de question), bref, une sacrée mélodie.
Ah, l'histoire : pêle-mêle, nous retrouverons un penseur visionnaire rattrapé par le goût du pouvoir (Jean-Michel Leibowitz), un militant actif (Dominique Rossi) pour le droit des communautés homosexuelles, Act-Up en filigrane, William Milner, amant du précédent, agitateur et provocateur, le tout raconté par Elizabeth Levallois, journaliste à Libération, pages "Culture"... Et tout ce petit monde se brise, se déchire, se hait, tente (maladroitement) de s'aimer...
La Meilleure part des hommes ? En négatif, nous dit l'auteur...