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Admirables ondoiements

Dans les veines ce fleuve d’argentA l'heure des fêtes de fin d'année, le libraire éclairé fait le bilan de ses petits coups de coeur qu'il placerait volontiers, si le pouvoir lui en était donné, sous tous les sapins. Tandis que la guerre des coffrets fait rage, que les collectors rivalisent d'élégance - et parfois de mauvais goût- on est parfois demandeur de plus de simplicité, d'authenticité. Certains titres apparaissent alors par magie et s'imposent comme une évidence. L'évidence, cette année, aura pour titre Dans les veines ce fleuve d'argent, qui est le premier roman de l'Italien Dario Franceschini.

Primo Bottardi, homme vieillissant qui se complaît dans la quiétude d'une vie familiale aseptisée, se rappelle subitement une question que lui a posé un ami d'enfance, quarante ans plus tôt. L'urgence de lui répondre s'impose. Pour cela, il doit longer le Pô, ce "fleuve d'argent" majestueux et violent. Il y rencontrera une multitude de personnages dont les récits seront autant de digressions qui retarderont le dénouement, fabuleux, inoubliable.

La narration est très lente, le récit hypnotique. Comme dans un rêve, le lecteur perd tous ses repères. Le temps suspend son vol, gèle sa course folle, et pourtant il s'agit bien de plusieurs vies qui défilent en moins de 150 pages. Ce n'est qu'un des nombreux paradoxes que recèle ce chef-d'oeuvre, où il est aussi bien question de vie que de mort, d'agitation et de calme, de violence et de douceur. Saupoudrez le tout avec une once de fantastique, et vous obtiendrez un superbe roman, généreux et poétique. Une heure pour le lire, une vie pour y réfléchir, c'est incontestablement notre petite perle de cette fin d'année.

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