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Africaine

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Une actualité de Marie
Publié le 14/10/2013

http://www.mollat.com/cache/Couvertures/9782021079708.jpgUn jour de juillet, José Paulo arracha donc des lattes du parquet de l’hôtel désaffecté. Il faisait un froid glacial. Le parquet à moitié pourri puait. José pensait trouver dessous un rat crevé. Mais il n’y trouva qu’un petit carnet relié en veau. Il déchiffra un nom étrange sur la couverture noire. Hanna Lundmark. Et en-dessous une date :1905.

 Une jeune suédoise, Hanna Renström est descendue du désert glacé du Norrland pour embarquer sur un bateau en partance pour l’Australie. Pendant la traversée, elle épouse le second et devient Hanna Lundmark. Sitôt mariée, sitôt veuve, son époux décède d’une fièvre moins d’un mois après les noces. Folle de chagrin, elle profite d’une escale à Lourenço Marques, en Afrique orientale portugaise pour quitter l’équipage. Recueillie par les filles d’un bordel, elle finira par se remarier avec le propriétaire, le richissime Senhor Vaz, qui la laissera bientôt une seconde fois veuve. La voici donc riche, très riche, propriétaire de plusieurs bâtiments, champs, entrepôts, et du bordel. Or, elle voit bien comment sont les gens ici. Les Blancs, les Noirs, les Indiens. Tout le monde. Elle sent la haine, le mépris mutuels, mais surtout la peur, sourde, palpable. Hanna ne comprends pas, et ne comprendra jamais. Elle est horrifiée de voir à quel point il est facile de céder au racisme ambiant, de ne plus réagir, ou pire, de faire comme les autres. Son bordel a toujours eu excellente réputation, les filles, toutes noires, y sont bien traitées et mieux payées qu’ailleurs, et elle tient à ce que ça le reste.

Un jour, un incident éclate. Un ami de son mari est assassiné sous ses yeux par son épouse, et mère de ses deux enfants, une femme noire nommée Isabel. Elle est immédiatement emprisonnée, et Hanna va tout tenter pour prendre sa défense, quand bien même cela la met en danger. Seule face à une société machiste et raciste, elle ira jusqu’au bout.

 Partagé entre la Suède et l’Afrique, Henning Mankell réunit les deux dans Un paradis trompeur, paru aux éditions du Seuil, grâce au concours de l’écrivain Tor Sallström. Celui-ci a fait part à l’auteur de sa découverte dans des archives du Mozambique, qui mentionnaient l’existence d’une jeune et richissime suédoise ayant vécu au début du XXème siècle. Mankell conclut : « Mon récit se fonde donc sur le peu que nous savons et sur tout ce que nous ne savons pas ».

Un roman puissant, l’histoire d’une femme que rien ne destinait à partir et qui va suivre son humanité dans une ville qui en a oublié le sens. Les hommes sont faux, les sentiments qu’ils se portent sont faux, et la colonie, rêvée par tous les hommes blancs, n’est alors qu’un paradis trompeur. Un livre sur les ravages de la colonisation et de l’esclavage, sur la force de la volonté et la droiture d’esprit, avec, comme toujours, une écriture sublime et envoûtante.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3d/Lourenco-Marques-pc-c1905.jpg

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