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Alléger le fardeau

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Une actualité de Véronique D.
Publié le 27/03/2015

9782757840795« Bientôt, ma Belle, j'embarquerai pour le long voyage qui nous attend tous. Et c'est bien connu que l'on essaie d'alléger son fardeau avant une telle expédition. » Il est vrai que la vie de Bjarni Gislason, éleveur de moutons, n’a pas été le long fleuve tranquille qu’il s’était peut-être imaginé parcourir aux côtés de son épouse Unnur, certain qu’il resterait pour toujours attaché à ces paysages et à cette terre foulée avant lui par ses ancêtres. Un devoir de fidélité à la mémoire, aux racines et aux traditions érigé en viatique. « A l’heure où la partie s’achève », le vieil homme compose une longue lettre à celle qui a fait basculer son destin d’homme tranquille vers celui d’homme passionnément amoureux. Entre confession et évocation du passé, lettre d’amour vibrante et aveu de faiblesse, La lettre à Helga est un voyage dans le cœur mis à nu d’un homme enfin sincère avec lui-même.

Kolkustadir. Ces sonorités ne trompent pas. Nous sommes en Islande, pays de glace et de feu, de vent et de mer. Sorti de sa maison de retraite par un neveu bienveillant, le vieux Bjarni retrouve pour quelque temps la ferme familiale et de sa fenêtre contemple à loisir la vue imprenable sur la maison d'Helga. Quoi de plus naturel alors d'écrire à celle qui fut l'une des plus belles femmes du comté, cette femme aux courbes pleines qui s'est offerte à lui au milieu des moutons ?

 Au fil des pages, impossible de ne pas se prendre de passion pour ces vies de gens simples qui comme tant d'autre se sont soumis à la dictature des sentiments et de la chair. Une histoire d'adultère qui aurait pu être banale si elle n'avait été portée par l'humanité des confessions du vieil homme. A l'heure du choix -s'enfuir avec l'être aimé ou rester fidèle à la terre qui l'a vu naître-, Bjarni se positionne, se justifie. Mais où est sa vérité, sa vérité d'homme ? Il lui faudra un long chemin pour apporter la plus juste des réponses à Helga, une réponse tardive mais sublime.

Il y a tout d'une vie dans ce court texte qui vous transporte, vous dépayse tout en vous ramenant sans cesse à vous-même, à votre métier d'homme (ou de femme), à vos choix, ces fameux "embranchements" qu'il faut bien prendre si on veut poursuivre le chemin. Dans cette lettre à la femme aimée, il n'y a pas de regrets, pas de tristesse ni d'amertume mais plutôt un fol élan de vitalité, les derniers feux d'un homme qui n'a pas toujours su rester debout, qui avoue ses faiblesses, ses doutes et ses erreurs mais sait aussi se souvenir des moments les plus beaux. Vous trouverez dans ces pages sensuelles de saines colères, une pointe de mélancolie et de nombreux quatrains hérités de ces traditions de conteurs qui n'avaient pas leur pareil, au coin du feu, pour réenchanter le monde afin de mieux l'apprivoiser. La voix de cet homme simple et rude devient une voix amie, de celles qui rassurent, consolent ou rudoient quand il le faut, juste pour nous rappeler à l'ordre, nous dire qu'à trop attendre il  pourrait être trop tard. N'attendez donc pas pour ce voyage islandais que propose Bergsveinn Birgisson : nous faisons le pari que ce petit bijou pourrait bien être de ces livres que l'on adore prêter et offrir à ceux que l'on aime...

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