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Architecture funéraire

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Une actualité de David V.
Publié le 30/08/2013

On a longtemps cru que les Ardennes ne se remettraient pas de la disparition d'André Dhôtel, cet écrivain des villes imaginaires, des fuites éperdues et des forêts accueillantes. Et puis il y eut Bartelt, Franz de son prénom, écrivain éloigné des rampes et de leurs feux dangereux, pour, peu à peu, construire une oeuvre qui donne de nouveau envie d'aller arpenter ce territoire où les touristes ont l'air de figurants. Mais si Dhôtel pratiquait un art doux de l'errance, si la folie de ses personnages se faisait rêveuse, Bartelt divague sur des chemins plus rudes, plus chaotiques, inventant des héros qu'il malmène avec un plaisir contagieux et composant ainsi une effarante comédie humaine où le banal est transfiguré par le délire. Livre après livre, de romans en nouvelles, imperturbable dans son débit de poisons, il augmente sa colonies de péquenots magnifiques, d'alcolos superbes, de matrones lascives, de crétins philosophes, de gueux un rien dégueus, de prétentieux à baffer que sa langue, soignée, en complet décalage avec le demi-sordide des décors qu'il peint, rend irrésistibles de drôlerie. Depuis plusieurs années nous empilons sur nos tables les Bartelt pour convaincre les sceptiques qu'on peut rire dans la littérature contemporaine française, pour séduire les mélancoliques qui trouvent que le ciel est toujours bas, pour mettre de notre côté les sourieurs ravis de découvrir que les Ardennes sont le lieu le plus drôlatique de la géographie littéraire française. Quelques milliers de Jardin du bossu vendus ici, roman noir hilarant, nous confirment qu'il vient peut-être combler un vide.

Gallimard qui le tient et le tient bien, même s'il n'a pas le statut d'auteur culte, d'auteur chic, d'auteur trébuchant (mais son heure viendra, cela ne fait aucun doute) , nous offre en ce printemps une nouvelle occasion de nous épater devant l'inventivité de ce sexagénaire intarissable. .    DV

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