Une ville de Province entre les deux tours d'une élection, un maire en ballotage qui décide de ne plus se présenter, une chef de cabinet surinvestie, des non-dits et des tensions palpables...
Et voilà que Christian Goneau, célibataire un brin désabusé, est missionné par le Parti pour venir en aide au maire. Furettant un peu partout au milieu de l'engoncement provincial, il parvient rapidement à renvoyer chacun à ses propres contradictions. Le coup de théâtre est proche, mais il n'est pas forcément là où le lecteur s'y attend.
Si Pierre Charras excelle à décrire la vie politique de province, le récit dépasse largement la satire. Dans Au nom du pire, Pierre Charras sonde au plus profond les failles de ses personnages et interroge parallèlement notre Histoire collective...
Comme le dit si bien Philippe Claudel dans la très belle préface qu'il a consacrée au roman, Pierre Charras est un fin observateur de la nature humaine dont la mélancolie n'est pas sans rappeler celle d'Henri Calet - que l'auteur connaissait et admirait par ailleurs. Nous pourrions ajouter que la description que Charras fait de la vie de Province est proche de celle du grand Maurice Pons, dans Mademoiselle B notamment.
Roman noir, récit aussi émouvant que surprenant, Au nom du pire est un court texte d'une densité rare dont l'émotion qui affleure est demeurée intacte. Lisez et faites passer !