Chargement...
Chargement...


Avant l'âge d'homme

2299_avant-l-age-d-homme
Une actualité de David V.
Publié le 24/11/2014

une caravane à fritesQuel âge a Julie Douard ? Depuis quand écrit-elle ? A quoi même ressemble-t-elle ? ces questions auxquelles il est désormais possible de répondre quand on sait interroger internet, nous n'avons pas chercher à les résoudre car c'était déjà se préoccuper d'autre chose que de son premier roman paru aux éditions P.O.L et perdre de notre innocence relative : lire quelqu'un sans s'encombrer de ce qu'il est représente un petit luxe dont nous ne nous sommes pas privé. Ainsi, plongeant dans Après l'enfance, après lecture d'une quatrième énigmatique, nous faisions crédit à cette inconnue à charge pour elle de nous saisir et de nous intéresser. Le destin de son bâtard de héros nous est conté, tout de suite, avec tant de drôlerie et d'invention que le pari semble gagné très tôt : la première page du livre nous inscrit dans le cadre des romans confessions ou d'apprentissage qui ont fait les grandes heures de la littérature classique, un genre très codifié qui permet néanmoins tous les jeux et toutes les échappées et où les enfants sans père ne manquent pas. Le héros de Julie Douard nous apprend tout de suite, puisque c'est lui qui se confie, d'où il vient, à quel coïtus interruptus manqué il doit son existence et sa différence et comment cet accident de l'avant-naissance va conditionner sa vie d'enfant intelligent au milieu des crétins. Rassurez-vous, il ne s'agit pas d'un roman sur les pouvoirs de l'hérédité, un remake de La vie est un long fleuve tranquille (même si les décors peuvent se ressembler) avec meute de tarés et petit malin qui en fait des tonnes. Julie Douard joue, plus finement, sur le croisement d'une écriture maîtrisée mais point précieuse et d'un univers où le glauque peut virer au gris mais pas à l'arc-en-ciel : pas de faux langage prolo qui amuse tant certains auteurs, le moins de clichés possible, mais une envie débordante d'en raconter, de céder au plaisir de dévider le fil d'aventures où la frite peut devenir un élément important (on pense un peu à Franz Bartelt néanmoins, le chantre de la pomme de terre littéraire et l'un des plus drôles de nos contemporains), où l'amour est le mystère majeur et l'âge adulte la plus grande des chimères. Julie Douard rejoint le prestigieux catalogue de P.O. L. dès ses débuts et à la différence de Marie Darrieussecq dont on connaît le parcours et qui connut un précoce et retentissant succès avec un roman cochon sous la même bannière ou de Julie Wolkenstein qui fait dans le pluri-référencé, elle semble moins prisonnière de sa culture, plus libre de ses mouvements. Voilà qui peut nous autoriser les plus beaux espoirs, après l'enfance de l'art.

Bibliographie

Abonnement

Derniers articles du blog "Ces mots-là, c'est Mollat" envoyés chaque semaine par mail