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Avec Mathieu Riboulet

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Une actualité de Véronique M.
Publié le 19/03/2016

Qui d'autre que Mathieu Riboulet et son admirable roman Avec Bastien (éditions Verdier) pouvait incarner le thème du "corps écrit" retenu pour le festival Ritournelles inauguré dans notre librairie ? Vous pouvez cliquer sur ce lien pour accéder au podcast de la conférence inaugurale le 24 novembre dernier de cette onzième manifestation mêlant littérature et arts contemporains. Très à l'aise devant notre caméra, l'écrivain nous confie quelques secrets entourant son personnage masculin éponyme ainsi que l'allégresse qui a accompagné sa création et que le lecteur peut à son tour ressentir en s'abandonnant au  portrait de Bastien.

 En rappel des nombreuses qualités de ce mince mais très riche ouvrage, voici quelques extraits du blog intitulé "Corps du fils" (en clin d'oeil à Pierre Michon et à la dimension christique de leurs personnages) que nous lui avions consacré en octobre...

Le coup de foudre inaugural pour Bastien, rencontré par un narrateur anonyme sur l'écran de films pornographiques, enclenche comme en écho l'inscription de son fantasme sur la chair de la page vierge. Cette ouverture suffit à fixer durablement sur sa pupille de “voyeur” (dans tous les sens du terme) cette créature de papier qu’il invoque dans sa mise en scène sexuelle et textuelle : “Bastien est ma limite, le point de fuite de mon désir, là où toujours il s’anéantit et toujours se relève, l’horizon perpétuellement dérobé. Bastien est mon désir.” Comme déjà dans son précédent roman au titre si baudelairien L’Amant des morts, ses personnages (Jérôme Alleyrat précédemment, Bastien ici) deviennent les proies consentantes d’un désir qui, les perdant, nous laisse à notre tour  éblouis et sur lequel jamais (même à propos de troublantes scènes d’inceste, de viol) ne plane l’ombre d’un jugement pour ces êtres en quête d’exultation du corps/coeur quand d’autres (leur père, leurs frères) le sont d’autres combats virils. C'est donc bien, comme nous le laisse entendre Mathieu Riboulet, au plus près de son personnage - véritablement "avec Bastien"  - que revient la juste place de l'auteur, du narrateur et du lecteur littéralement traversés par cette rencontre. Pour Bastien, ce fut à l'origine celle d'un amour à jamais perdu (pour un camarade d'école tôt fauché) qui impose un vain combat avec le ciel, tutoyant là les sommets des hauts plateaux de Corrèze ou de Creuse, là les plateaux de films, l'escalade effrénée de corps à qui l'on s'offre à défaut, puisque "de la terre au ciel nous cherchons le chemin". Sans hésiter sur le terme de "quête spirituelle" (sous-titre de l'édition 2010 du festival Ritournelles autour du "corps écrit"), ce roman nous transporte au sommet des mystères de l'âme et de l'énigme de sa beauté, intacte et si palpable grâce à Bastien.

 

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