A travers le prisme du corps,
Daniel Pennac nous déroule la vie d’un homme, de ces 13 à 87 ans. Cet homme, nous le rencontrons adolescent. Son projet : écrire le journal de son corps « parce que tout le monde parle d’autre chose », parce qu’écrire ses émotions c’est écrire un mot qui une heure, un jour, une année plus tard ne traduira peut être plus rien de qui nous avons été. Ce projet empirique, nous semble un don incroyable. Ce journal, même s’il s’agit d’une fiction, nous permet d’imaginer, un peu plus, comment vit l’autre.
Frustration et fantasme éternels que d’être coincé à tout jamais dans une seule tête, un seul corps. Grâce à Pennac, nous découvrons un trésor : les pensées intimes et authentiques d’un garçon, puis d’un homme (mesdames, soyez mâle pendant 400 pages, une aventure qu’on n’oublie pas) et encore plus passionnant, un homme né en 1923. Le corps est un vaisseau qui voyage dans le temps et c’est bien le temps qui est en filigrane derrière les lignes anatomiques.
Lire ce livre comme un anthropologue, un témoin. N’est-ce pas ça, aussi, le roman ? Éprouver notre empathie ? Etre un-e- autre quelques heures ?
Pennac signe ici un projet passionnant, que vous retrouverez également mis en image par
Manu Larcenet aux éditions Futuropolis.