Depuis qu'il est en âge de travailler, notre narrateur passe son temps sur les ports mais très vite il sent l'appel du large. Engagé comme mousse, il part avec un équipage vers les Indes - destination alors à la mode en ce début de XVIème siècle - pour un voyage qui changera le cours de sa vie. Dès les premières pages, nous sommes conquis par l'écriture de
Juan José Saer (traduction de Laure Bataillon) qui nous décrit merveilleusement cette traversée, l'arrivée sur cette plage apparemment déserte et la première nuit passée sous les étoiles. Le lendemain ne sera pas aussi beau ni aussi calme : tous les matelots et le capitaine se feront tués à coup de flèches, excepté notre protagoniste qui, ayant atteint l'âge de soixante-quinze ans, nous raconte l'horreur de ce massacre et de ce qu'il advint plus tard car, curieusement, il ne sera jamais menacé par ces sauvages qui le surnomment Def-ghi.
Nous sommes tout d'abord fascinés par ces personnes parvenant à endurer ce qu'il a vécu et surtout vu pendant une dizaine d'année, mais lorsqu'il s'agit de survie, l'humain est capable de beaucoup. En revanche, et même si cela semble incroyable, L'ancêtre ne traite pas de ce sujet mais de
transmission. Malgré toutes les horreurs dont il sera témoin - des scènes de cannibalisme, d'orgie, etc. - comment juger une civilisation qui s'est construite sur des valeurs différentes des nôtres ?
Encore plus fort que
Ce qu'il advint du sauvage blanc de
François Garde,
L'ancêtre ne manquera pas de marquer votre esprit. Ce roman inspiré d'une histoire réelle et réédité aux
éditions le Tripode est un véritable chef-d'oeuvre de la littérature argentine.