Mais de quoi est-il question au juste ? Le narrateur, Beau Vestiaire (un hommage au Querelle de Genet ?), est chargé d'établir une sorte de carnet de bord retraçant l'histoire et le quotidien de l'établissement qui l'emploie, un sous-marin transformé en maison de passe amarré sur le quai de Paimpol, d'où son nom anagrammatique, "l'Olaimp", béni des dieux et en l'occurrence de quelques déesses égarées qui ont choisi de se mettre à leur compte en ces temps de libre entreprise généralisée ; il faut dire que cet ancien vaisseau de la Marine Nationale a un lourd passé qui justifie assez l'usage auquel il est condamné. Ses premières sorties en mer donnent lieu à quelques scènes de stupre et de luxure en vase clos, si bien que sa carrière militaire tourne court et que les clients remplacent les marins dépravés . Apparemment la petite entreprise se porte bien et les histoires successives des habitantes des lieux alternent avec quelques contes immoraux laissés par un client amoureux du folklore breton en guise de paiement ; en effet tout est possible dans ce bâtiment voué au plaisir et uniquement au plaisir ; c'est bien le maître mot de ce premier roman généreux où le côté sordide de la prostitution n'est jamais évoqué et où l'on sent chez ce jeune auteur un goût certain pour la subversion joyeuse et une tendresse toute particulière pour les déclassés et les marginaux de tout bord ; la devise des hippies " faites l'amour pas la guerre" pourrait servir d'exergue à ce petit roman revigorant comme une bouffée d'embruns à moins qu'elle ne lui serve de conclusion...