business du souvenir de pacotille. Il a fait aimer la démesure et s'y est vautré jusqu'à l'intoxication, jusqu'à la chute et la ruine, sublime et fécond quoique sordide destin américain. Eric Vuillard ressuscite les fantômes indiens, ces compagnons d'un Bill sans scrupule qui les utilisa, les manipula, les vendit pour satisfaire cette envie de sauvagerie qui possède les civilisés. Ils sont là qui rôdent dans son livre, voués à l'extinction, irrésistiblement balayés, "déguisés" en indien, le pire des affronts, et la figure de Sitting Bull, le vainqueur de Little Big Horn abattu par la police...indienne, impose sa puissante et triste majesté d'un monde en ruine. Livre sur le simulacre devenu roi, sur la société en voie de spectacularisation, Tristesse de la terre nous prouve que cent cinquante pages peuvent se peupler d'un gigantesque cirque sans cesser un seul moment de nous troubler, profondément. Il paraît fin août chez Actes Sud qui peut s'enorgueillir d'avoir accueilli un auteur d'une telle importance.