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C'est bon aussi quand c'est gras

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Une actualité de David V.
Publié le 21/09/2013

On vante souvent ici les délices acides de l'humour anglais, les délires avides de l'humour new-yorkais, il ne faudrait pas pour autant négliger les délires à l'arachide de certains américains qui ne cuisinent pas franchement dans le diététique mais vous font bouillir des marmites savoureuses et hypercaloriques . Grâce à Frédéric Brument qui dirige chez Rivages une épatante série humoristique où on a pu découvrir ou redécouvrir Robert Benchley, Stephen Leacock, W.E.Bowman, Spike Milligan, Damon Runyon ou James Thurber, nous pouvons aujourd'hui faire la connaissance de l'univers un rien poisseux mais souvent hilarant de Rich Hall, auteur de Caroline du Nord connu jusqu'à présent (surtout en Caroline du Nord d'ailleurs et à Edimbourg aussi, notons-le) pour ses one man shows où il met en scène un certain Otis Lee Crenshaw, plouc intégral (ou presque mais c'est dans ce presque que vient se nicher toute la folie du héros) qui écoute de cette country music qui est une véritable torture aux oreilles raffinées des européens (sauf à Mirande, une semaine par an, mais on peut éviter facilement le bourg à cette période) et n'hésite pas à pousser la chansonnette de sa voix éraillée de gros fumeur. C'est ce personnage qui a quitté la scène pour devenir le héros d'un roman réaliste et poilant, Otis Lee Crenshaw contre la société, où les intrigues amoureuses de cet abonné aux échecs retentissants se conjuguent aux séjours en prison et aux passages hauts en couleurs devant le juge. Car si Otis Lee connaît la chanson et peut vous en faire des couplets sur tous ces chanteurs qui font suinter leurs romances de dégoulinures romantiques, il n'en échappe pas moins à la fatale attraction pour des femmes, toutes prénommées Brenda (suivie d'un numéro), qui font son malheur et notre joie. Car c'est là toute la saveur de cette suite d'aventures lamentables où les petits trafics (il vole par exemple des mobil homes qu'il revend après les avoir repeints) finissent toujours dans le mur du pénitencier, Otis Lee Crenshaw réfléchit sur l'amour, sorte de Stendhal en salopette qui vous tartine quatre pages bien senties sur le coup de foudre et sur Cupidon, bonne paire de claques à la mythologie amoureuse (ce sont ses "pensées indicibles"...). On conseillera ardemment aux éconduits chroniques, aux roméos sans Juliette, aux buveurs de sirop doucereux, aux romantiques repentants, à tous les misérables qui comptent les années en échecs, de faire la connaissance de ce louche individu qui reluque les femmes des autres sans répit. Cela vous barbouillera un peu l'estomac, ce n'est pas très diététique mais qu'est-ce que c'est drôle. Et si vous riez, c'est que c'est gagné, non ?

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