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Caïn caha

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Une actualité de David V.
Publié le 24/08/2013

poupees-couleur.jpgFille unique, triste destin. Quand tant ont rêvé sur la mélodie de Maxime Le Forestier d'avoir un frère qu'ils n'ont jamais eu, certains s'en accommodent fort bien, reines ou rois d'une maison qui tourne autour de leur nombril. Ce n'est pas vraiment le cas de l'héroïne du nouveau roman d'Anne Lenner à qui l'on devait déjà Cahi-caha où elle faisait grincer les fauteuils, roulants, paru lui aussi au Dilettante. Car si elle vit dans un cocon dont elle est le centre, ses parents semblent ne se souvenir d'elle que sporadiquement, l'un consacrant ses heures à bâtir une oeuvre littéraire que son asile africain n'inspire pas, l'autre se dévouant à grand renfort de solvants à de justes causes qui la poussent sur les pistes de sa générosité. Comment dès lors expliquer l'idée saugrenue qui leur vient un beau jour : adopter une petite fille, une petite noire déshéritée qui viendra combler le désert affectif de leur enfant et amener un peu de couleurs dans une vie tranquille ?  Les beaux gestes ont cependant, parfois, bien du mal à se justifier aux yeux d'un enfant. Partager c'est un cauchemar quand on pense avoir déjà si peu et qu'on est en plus taxé par ses parents d'un caractère "épouvantablement cynique". Et puis faire la guerre, sous les yeux de De Gaulle l'aimable et patient boy de la maison, contre une autre petite fille est un sport agréable qui comble l'ennui abyssal. D'autant que la petite nouvelle a du répondant et que si elle n'a pas lu comme notre précoce enfant des grands auteurs, elle sait prendre l'avantage à chaque occasion et de la hauteur quand c'est nécessaire. L'âme soeur n'est pas un nième roman convenu sur la difficulté d'une petite fille à apprendre la générosité, ce n'est pas de ces petits livres mièvres qui ressemblent aux immondes téléfilms du mercredi soir sur la télévision sans publicité car Anne Lanner a du mordant et des lettres, un style et une volonté évidente d'éviter les panneaux. Et puis pourquoi ne pas avouer qu'elle a joliment réussi à nous surprendre ? Avouons-le cependant : n'étions-nous pas acquis d'avance à sa cause dès la lecture de son exergue empruntée au grand Vialatte ? Une lectrice des Fruits du Congo, cet absolu chef-d'oeuvre que l'on devrait obliger à lire chaque écrivain décidé à évoquer l'enfance (ce qui nous éviterait nombre de livres plats et sans saveur), ne peut que bénéficier de notre curiosité. Si en plus elle a du talent...

D.V.

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