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Catulle à Bordeaux

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Une actualité de David V.
Publié le 24/08/2013

Catulle MendèsOn connaît bien Ausone à Bordeaux mais beaucoup moins Catulle... Le Catulle dont je vous parle n'a rien d'un auteur classique, il en est même l'exact contraire puisque le dénommé Mendès souffre cruellement, depuis un siècle qu'il est mort, d'une réputation qui devrait faire frémir nos contemporains à la mode. Adulé ou craint de son vivant, faisant et défaisant les réputations, il a peu à peu plongé dans un purgatoire infâmant d'où on l'extirpe de temps à autre pour le railler, la plupart du temps sans l'avoir lu, c'est plus commode. Heureusement quelques acharnés veillent. En son temps Hubert Juin l'édita dans sa magnifique et regrettée collection fin-de-siècle chez 10-18 : il y côtoyait Joséphin Péladan, Jean de Tinan, Octave Mirbeau, Jules Renard, Léon Bloy, René Boylesve, Marcel Schwob et bien d'autres encore qui nous démontraient par l'exemple l'incroyable richesse de la littérature au tournant du XX° siècle. Non que Juin fût convaincu de son génie, mais en fouillant avec ardeur dans cette malle aux trésors  il mit la main sur le Roi vierge (désormais introuvable, il ne faut pas rêver) et c'est tout un pan de cette époque qui refit surface. Plus près de nous Champ Vallon osa une collection Dix-neuvième (R.I.P.) et tenta de refaire briller La maison de la vieille, redoutable gageure pour un pavé de 700 pages mais passionnant roman à clefs sur la vie littéraire de l'époque. De temps à autre une bonne âme croit se souvenir que c'est à lui qu'on doit (presque) la découverte de Wagner et qu'il a (quasiment) inventé le florissant Parnasse, manière de brouiller son image déjà floue. Jean de Palacio dirigea avec inspiration une collection décadente chez Séguier et il y réinventa Mephistophéla et Les oiseaux bleus. Plus récemment, un jeune universitaire lancé sur les vastes steppes de la nouvelle au XIX° qu'il explora pour en dénicher les pépites encore susceptibles de nous émouvoir (et composer sa thèse de doctorat) fut à son tour ému par la vitalité de son style et son mordant : Eric Vauthier qui séjourne à Toulouse a ainsi réuni une suite de charmants petits bijoux sombres qui nous permettent désormais de goûter à l'humour noir et cruel de Catulle Mendès (Exigence de l'ombre). Enfin et c'est ce qui nous vaut ce petit billet, la Faculté de Bordeaux III organise les 17 et 18 septembre prochains  un colloque international intitulé "Catulle Mendès et la République des Lettres", belle initiative dans une ville où tout le monde a oublié qu'il naquit en 1841 ( à quand une rue à son nom en cette année du centenaire de sa disparition (1) ? l'idée aurait été bienvenue), descendant d'une famille d'émigrés juifs portugais (une plaque l'indique en bas du Cours Victor-Hugo...). Au programme de cette réunion très intense à laquelle devaient d'ailleurs participer Jean de Palacio et sa compagne Marie-France David-de Palacio (2) : Mendès journaliste et critique littéraire, Mendès romancier, Mendès nouvelliste et décadent et Mendès dramaturge, bref un tour d'horizon de tous ses talents qui devrait combler les derniers lecteurs de l'ancien grand homme. Alors certes, il y aura encore bien des a priori à surmonter pour que le nom de Mendès brille un peu mais cette actualité a de quoi redonner espoir à ceux qui soupçonnent l'histoire littéraire d'être bien injuste avec ses enfants les plus prolixes, et la prolixité n'était pas la dernière de ses qualités.

(1) Sa fin tragique il y a un siècle exactement, ironique comme l'une de ses nouvelles (on taira l'anecdote), devrait piquer la curiosité des amateurs d'humour noir...

(2) aux dernières nouvelles ils ne pourront malheureusement participer au colloque où l'on lira néanmoins leur communication.

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