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Chant d'un cygne

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Une actualité de David V.
Publié le 09/05/2013
Dinu Lipatti (cliché EMI)Quiconque a eu la chance d'écouter l'enregistrement du dernier récital du pianiste Dinu Lipatti, mort à trente-trois en 1950, ne pourra qu'être ému voire bouleversé par le brillant roman que vient de consacrer à ce génie du piano André Tubeuf, incontournable spécialiste de musique et élégant romancier (on se souvient des Enfants dissipés paru chez Gallimard dans les années 80). La Quatorzième Valse n'est pas un essai, ni même un "tombeau", ce genre littéraire tombé en désuétude qui permettait à des écrivains de se livrer à l'hommage, c'est un véritable roman qui prend la pari de faire parler celui dont on ne connaît désormais plus que les notes, cet émigré venu de Roumanie et réfugié en France où l'amitié de quelques uns lui permit d'entamer une fulgurante carrière de concertiste. Pénétrant dans son intimité, dans les méandres de sa réflexion sur son art, dans ses rencontres (très beau passage sur son échange avec Joë Bousquet, ce médisant par bonté cloué sur un lit de souffrance), il donne chair à un être lumineux et inquiet, cerné par une maladie qui le rend vulnérable à tout sans lui interdire la fusion avec sa musique. Sous la protection de l'ange, de Bach, de Mozart, de Chopin, Lipatti fait l'expérience qu'"on ne sait rien de la vie tant qu'on ne sait pas quelque chose de la mort" et lui qui s'amincit, qui en deviendrait presque transparent, au lieu de disparaître prend une force éclatante. On conseillera donc ce court roman à tous ceux qui s'interrogent sur ce mystère de l'élection des génies qu'André Tubeuf approche sans grandiloquence, trouvant à son tour une musique, un rythme pour dire l'indicible. Et écouter ensuite Chopin, interprété par Lipatti, pourra offrir au lecteur l'occasion d'une belle épiphanie.

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