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Chats, félins, fauves

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Une actualité de David V.
Publié le 24/08/2013

jaguar.JPGQui nous dira ce que veut précisément dire "felinos" en portugais voire en brésilien ? La question n'est pas cruciale mais elle se pose depuis que les éditions Folies d'encre ont eu l'heureuse idée de proposer une nouvelle édition du grand petit livre de Moacyr Scliar, Max et les fauves. En effet, on croyait se souvenir de ce livre mais sous un autre titre et vérification faite, ce roman s'est déjà trouvé sur les tables des libraires sous l'intitulé Max et les félins mais aussi sous celui de Max et les chats, d'où notre étonnement. Ceux qui ont un chat à la maison peuvent témoigner que l'animal ne laisse pas apprivoiser comme ça et que sous ses dehors policés sourd une sauvagerie dont les canapés font parfois l'amère expérience ; ceux qui hébergent un jaguar sont moins nombreux et souvent moins disposés à en parler mais on imagine la tension qui doit régner à l'heure du repas. Tout cela pour évoquer le cas du protagoniste de ce petit grand livre de l'écrivain brésilien, un jeune homme, fils de fourreur berlinois, obligé lorsque le péril nazi  se fait impérieux de tout quitter pour gagner une terre d'asile incertaine sur laquelle il ne sait que ce qu'un livre d'images enfantin lui a appris, c'est-à-dire rien sinon des clichés sur la faune exotique. Sur le bateau fièrement baptisé Germania qui l'emporte, il découvre que la calle est remplie d'animaux d'un zoo, cargaison inquiétante que la fatalité va lui faire côtoyer de près. Car puisque nous sommes dans une fable et que le fameux réalisme magique sud-américain dont on nous rebat les oreilles depuis quelques dizaines d'années est à l'oeuvre, le bateau va faire naufrage et notre ami Max se retrouver nez à nez avec un fauve de belle taille qui va devenir son compagnon d'infortune sur un frêle esquif. Fatalité pour un fils de fourreur et terrible expérience qui va bouleverser sa vie. On laissera à ceux qui ne connaissent pas encore ce petit trésor de la littérature brésilienne découvrir la fin. Cette fable écrite sans effusion et presque une certaine retenue possède un charme étrange car sa langue est d'une grande sobriété, fort éloignée de ce baroque que l'on imagine trouver sous la plume d'un brésilien.

Et pour renfort de potage, il existe un épisode para-littéraire à l'édition de ce livre publié à l'origine en 1981. A la fin du volume, l'éditeur a eu l'idée de reproduire un texte de Scliar racontant par le menu et avec une ironie légère l'étrange destin d'un best-seller largement inspiré de Max et les fauves : L'histoire de Pi de Yann Martel, couronné et lu par un grand nombre d'adultes et d'adolescents, est en effet un décalque remarquable de l'argument du livre du Brésilien. Plagiat ? Hommage ? Echo?... L'histoire littéraire se nourrit de ces petites histoires et c'est d'autant plus amusant lorsqu'elle expose un auteur qui ose avouer que la littérature est pour lui un "vice solitaire"à même cependant de signaler les secousses les plus profondes d'une époque.

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