Joie ! Il s'agit d'évoquer la réédition du premier livre de Jean-François Vilar, C'est toujours les autres qui meurent, chez Babel Noir, collection renaissante, pour notre plus grand plaisir. Hommage à Duchamp (Marcel), ce roman donne naissance à l'atypique Victor Blainville, photographe de son état (une espèce de private eye désabusé et militant - ses chats ont pour nom Radek, Zinoviev et Kamenev) et témoin privilégié des changements de Paris et de ce monde (de cette société, en fait). Illustrant parfaitement le renouveau du polar français dans les années 80, immergé dans l'art contemporain et la nostalgie définitive de mai 1968, période "révolutionnaire" révolue, que même la victoire de la gauche en 1981 ne fait pas oublier : le cynisme misanthrope est de mise chez Blainville, tempéré uniquement par son amour de l'art et des chats. Et de Rose, aussi, égérie insaisissable dont le côté passionné n'est pas sans rappeler Cash, la militante anarchiste du Nada de Manchette.
Ainsi commence la saga de Blainville, au rythme de ses escapades pédestres, nocturnes et souvent interlopes. Nous suivrons ensuite ses diverses aventures, toujours parisiennes, enfumées et alcoolisées, où les milieux de l'art côtoient les milieux politiques les plus divers, où le regard toujours acéré de Blainville ne permet aucune compromission : Les exagérés (Points), Bastille Tango (Babel/Noir) et le splendide Nous cheminons entourés de fantômes aux fronts troués (Fiction & Cie / Seuil) composent cette brillante série.