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Chez McSweeney's, horreur à tous les étages

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Une actualité de David V.
Publié le 09/05/2013

McSweeney’sA l'enseigne de McSweeney's l'alcool est toujours fort, c'est une taverne où l'on cause, où l'on écrit surtout, un mauvais lieu où désormais on se bouscule pour avoir sa carte de membre, un repaire d'enfants terribles qui s'amusent comme de vilains drôles. Bref, comme son nom ne l'indique pas, il s'agit d'une revue américaine, animée par le brillant Dave Eggers elle propose régulièrement des anthologies où tout le gratin de la jeune littérature d'outre-atlantique rivalise de brio dans l'exercice de la nouvelle. On n'imagine pas ça chez nous où la nouvelle restera toujours suspecte et où le roman, genre bourgeois définitivement installé sur son trône, n'abandonne que quelques miettes de son pouvoir à des obsédés décidés à ne pas renoncer. Aux Etats-Unis on sait à quel point ce genre est formateur, qu'il ne pardonne ni les faiblesses ni la médiocrité. Pour autant on n'y est pas moins sensible aux snobismes, aux classements entre genres majeurs et mineurs, entre grande littérature et mauvaise. La sortie de la Méga-anthologie d'histoires effroyables chez Gallimard vient nuancer ce point de vue. Publiée sous la direction de Michael Chabon dont nous aurons en janvier l'occasion de parler pour la sortie de son prochain roman chez Laffont (Yiddish Police Club), elle est entièrement vouée à la littérature d'horreur, d'épouvante, fantastique, horrifique mais signée d'auteurs actifs dans un autre "circuit". L'énorme résultat (500 grandes pages) réserve de sacrées surprises : Elmore Leonard (pour les habitués de Rivages Noir) y cohabite avec Rick Moody (l'auteur du stupéfiant et hawthornien A la recherche du voile noir),feu Michael Crichton avec Michael Moorcock l'enflammé, Chris Offutt avec Laurie King, etc... Du solide donc sur un terrain instable où chacun s'en donne à coeur joie, soit dans la pente pasticheuse (pas toujours la plus réussie d'ailleurs), soit dans le visionnaire morbide. Michael Chabon qui est lui-même auteur de la dernière nouvelle du recueil présente celui-ci dans une courte préface vraiment drôle, se voulant le militant d'une cause perdue et ayant réussi à obtenir d'Eggers la possibilité de cette anthologie (qui aura d'ailleurs une suite) à force d'insistance et en comptant sur la lassitude du chef. Il a bien fait d'insister ! L'ensemble est une accumulation acide de plaisirs malsains, de délires fantastiques, d'hommages détournés, un vade mecum pour jours de pluie, une grosse boîte de remèdes à l'ennui. Toutes ne sont pas aussi réussies, certaines pèchent par excès mais l'incroyable tenue de l'ensemble, en plus de divertir, aura le mérite de rappeler aux poseurs que c'est souvent dans les genres dits mineurs que l'on fait les plus belles pêches.

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