C’est dans une ambiance surréaliste que se déroule ce roman. Dans un taxi, nos deux compères parlent tranquillement tandis qu’un être meurt sur la banquette à côté d’eux. Ils en sortent, se font légèrement réprimander par le chauffeur et vaquent à leurs occupations.
Pour le moins intrigante, nous gardons en tête cette information tout au long de l’histoire, devinons rapidement qui était le mourant et continuons de suivre leur aventure attentivement, un sourire aux lèvres.
Jacob est plutôt beau garçon mais manque d’ingéniosité pour arriver à ses fins. Robert, un bossu, est un metteur en scène hors pair et un visionnaire. Et pour survivre dans les rues de Tel Aviv à la fin des années 1960, il faut avoir de la ressource.
« Parfois, je me réveille au milieu de la nuit et j’attrape un fou rire en pensant à toutes les femmes auxquelles tu parles d’amour et de la vie que vous allez mener ensemble. Aucune d’elle ne saura jamais que tous ces textes ont été inventés par un vieux juif obèse qui a une double hernie et se sent ballonné dès qu’il mange de misérables fraises à la crème. Et ce vieux juif, c’est moi. »
Rien de tel que l’arnaque, surtout lorsqu’elle vise les riches veuves américaines en vacances à Israël. Il suffit d’avoir les bons mots, les bons gestes et le tour est joué. C’est sans compter cependant sur le garçon d’une de celles-ci, un enfant capricieux dont les bêtises n’ont rien à envier à celles d’un Bart Simpson.
La fin, nous la connaissons, le narrateur nous en informe très tôt. Mais nous, lecteurs, continuons tout de même de suivre ces deux hommes tellement nous sommes amusés par leurs dialogues souvent sans queue ni tête.
Réjouissant à souhait pour son côté bête et méchant,
La mort du deuxième chien, traduit par Charles Zaremba, est le premier né d’une toute nouvelle collection des éditions Mirobole, à laquelle nous souhaitons longue vie.
Marek Hlasko (1934-1969) a connu une vie brève mais intense. Pour fuir le communisme dans son pays, il n’hésite pas à s’envoler vers d’autres contrées et pratiquer plusieurs métiers avant d’écrire des nouvelles et des romans dans lesquels il essaie d’expliquer les conditions de vie en Pologne et de partager ses souvenirs.
« Et je devrais encore lui dire que je n’en veux pas aux Allemands d’avoir massacré ma famille et quelques millions d’autres Polonais, parce que j’ai vécu ensuite dans le communisme et que je sais très bien que la faim, la peur et la terreur peuvent vous forcer à faire toutes sortes de choses, que les gens ne valent pas mieux les uns que les autres, que tous ceux qui l’affirment appartiennent à la pire catégorie des vivants et qu’on devrait les priver du droit de vivre. »