7 mètres. 7 mètres qui séparent le "Grand" et le "Petit" de la civilisation.
Deux jeunes frères se retrouvent coincés au fond d'un puits sans rien d'autre qu'un sac de provisions devant être rapporté à leur mère. D'eux, on ne sait pratiquement rien : des anonymes, des âges que l'on devine, des origines effacées et pas la moindre idée de comment ils sont arrivés là. Mais peu importe, on viendra bientôt les chercher ("n'est-ce pas?" demande le Petit.) Pourtant les jours passent et personne ne vient...
Toucher aux aliments contenus dans le sac est une interdiction formelle du Grand au Petit malgré leurs estomacs qui se tordent de faim. En suçant quelques racines et en rationnant l'eau du puits, ils devraient subsister quelques jours de plus. Il est vrai que ce trou ne leur est pas apparu très hospitalier le premier jour (et comment un puits pourrait l'être?) mais peu à peu, il est devenu leur refuge, leur garde-manger, leur lit et ils ont dû apprendre à faire corps avec lui.
Combien de temps peut-on survivre sans eau et sans nourriture? C'est une question qui a le mérite de se poser. Assez vite, on assistera, impuissants, à la décrépitude d'esprits et de chairs privés de nourriture qui oscilleront entre l'envie de maintenir le lien fraternel, de se protéger, se réchauffer et celle de s'entre-dévorer et libérer une agressivité contre laquelle ils ne peuvent rien.
Chacun pourra faire de ce récit une lecture personnelle car il est à la fois conte, thriller, roman, fable.
Le Puits d'
Ivan Repila est un roman organique qui colle et qui tâche de manière indélébile, une expérience que l'on vit en immersion avec le Petit et le Grand et dont l'on ne ressort pas indemne. Une sensation tenace que nos cheveux deviennent humides, nos mains moites, que l'on sent grouiller la vie avec un arrière-goût de terre en bouche. Absolument fantastique.