Avec sa faible densité démographique et ses températures pouvant aller jusqu’à -30° Celcius, la Finlande réclame à grand cri autant de divertissements possibles, tels que des championnats de porter de femme, de lancer de téléphone portable ou de football sur neige poudreuse. Alors pourquoi pas un championnat mondial de sauna (1) ?
« La nature a vite fait d’ennuyer l’homme. On observe comme une incapacité à la contemplation ou, tout du moins, une difficulté à vivre dans les bois avec femme et enfants. Au pire, seul avec soi-même. Conséquence : ça picole dur. »
Les règles sont simples : les compétiteurs se placent dans un grand sauna de verre qui chauffera jusqu’à 110° Celsius. Le dernier à en sortir a gagné. Cependant, un seul des candidats sait que ce championnat est son dernier et est prêt à tout pour le remporter.
Deux compétiteurs de talent s’y disputent chaque année le titre de champion. Igor, un ancien sous-marinier, est plus que n’importe qui déterminé à remporter la victoire. Niko, star du porno ayant un fort penchant pour l’alcool et les cigarettes, a un don inné pour endurer des chaleurs extrêmes.
À un certain degré, nous nous dépossédons de notre corps qui se laisse aller à ses instincts. Le sexe n’est pas matière d’amour ; il peut être pratiqué n’importe où avec (presque) n’importe qui. Il devient un art qui demande de l’entraînement, de la discipline.
« […] avec de la patience et du travail, tu entreras dans le Hall of Frame comme Christy Canyon ou Tori Welles. Tu marqueras la mémoire de tes admirateurs au fer rouge, ils te chercheront dans toutes les femmes qu’ils croiseront dans leur vie sans jamais te trouver… »
L’esprit, lui, peut être anéanti. Il faut une volonté de fer pour parvenir à son but dans un environnement aussi chaud. Pour remporter la victoire, il ne faut pas seulement s’asseoir et attendre. De la volonté et le bon outil sont plus que nécessaires.
Un ton léger et une absurdité plaisante règnent dans le roman de
Joseph Incardona où des spectateurs se régalent de la souffrance inutile des candidats, où une journaliste sans scrupule récolte leurs interviews d’une manière peu orthodoxe, où une fille parcoure des kilomètres pour voir son père suer sang et eau.
Auteur de romans et de nouvelles, Joseph Incardona reçoit en 2015 le grand prix de la littérature policière pour
Derrière les panneaux, il y a des hommes. Il est également scénariste pour le cinéma, le théâtre et la bande dessinée.
(1)Le championnat du monde de sauna a bien existé, mais s’est arrêté en 2010 après la mort d’un de ses concurrents.