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Dans l'Ouest solitaire

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Une actualité de Marie
Publié le 26/03/2016
http://www.mollat.com/cache/Couvertures/9782351780671.jpgIl n’est guère de plus grand bonheur pour un libraire que de se laisser surprendre. Prenez le nouveau venu des éditions Gallmeister, par exemple, en la personne de Bruce Holbert. A première vue, tous les ingrédients pour faire un bon polar : années 30, état de Washington, petite bourgade, un shérif bourru qui n’a pas toujours été un ange, des Indiens…et des meurtres. Vous pensiez avoir déjà tout lu sur l’Ouest, sauvage et désert, ses tribus indiennes, ses montagnes et ses plaines ? Que nenni ! L’Ouest a compté – et compte encore - des milliers d’âmes, et au moins autant d’histoires. Dans Animaux Solitaires, Bruce Holbert fait une petite mise au point. « Nous sommes des animaux solitaires. Solitaires, nous passons notre vie entière à tenter de l’être moins. Et l’une de nos méthodes, qui ne date pas d’hier, consiste à raconter des histoires ». On n’aurait pas pu rêver mieux comme ouverture que cette citation de John Steinbeck. Nous rencontrons pour commencer le shérif Russel Strawl, ancien shérif du compté de l’Okanogan. Personnage aux multiples facettes, souvent troubles, hanté par des souvenirs qu’il vaudrait mieux taire, il va devoir sortir de sa retraite pour rechercher un meurtrier qui mutile minutieusement des Indiens, avant d’exposer leurs corps dans des mises en scènes terribles. Strawl laisse donc, avec une hâte non dissimulée, son ranch à sa fille Dot, et remonte en selle pour une ultime enquête. Au fil des jours, des bivouacs, des rencontres souvent musclées avec de vieilles connaissances, il va renouer avec la vie qu’il pensait avoir laissée derrière lui, celle d’un des shérifs les plus redoutés de l’Ouest, à se demander lors d’une arrestation qui est le criminel et qui est le représentant de l’ordre. Ces rencontres vont même le mener à retrouver son fils, Elijah, qu’il avait perdu de vue après que celui-ci se soit enfui avec la moitié de l’argent du ranch. Ce fils énigmatique va donc chevaucher au côté de son père, et participer à la traque. Riche en rebondissements, on retrouve dans cette enquête toute la profondeur des codes du western traditionnel avec ceux des romans les plus noirs. La quête de Strawl, celle d’une justice qu’on laisse à la fois aux hommes et à Dieu, n’aboutira peut-être pas. Ce monde-ci est sans doute, trop brutal, trop violent pour que puisse s’accomplir le rêve de Russel Strawl, mais qui sait, il trouvera peut-être des réponses à certaines de ses questions. On ne lit pas ce livre comme n’importe quel western, ni comme n’importe quel polar. Lecture dense et riche, à déconseiller aux âmes trop sensibles, on y retrouve une ambiance à la McCarthy, dans la noirceur du monde. Là où Craig Johnson nous fait rêver, Bruce Holbert nous dit « Non, regarde, l’Ouest, c’est ça. » Marie & Karine

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