On se souvient encore du dernier roman de Christian Oster, qui nous faisait traverser la France en direction de la Corse à l'arrière d'une voiture, avec comme bagage aussi encombrant qu'incongru, une chaise en bois massif. Cette fois-ci, la destination élue par son narrateur est nettement mois exotique. Dans la cathédrale, c'est l'histoire de Jean, qui habite un appartement parisien mais écrit des chroniques pour un journal local dont le siège est à Chartres. Au début du roman, Jean se rend à un enterrement avec Paul, un ami qui a établi ses quartiers dans sa chambre d'ami suite à une rupture amoureuse. Quand bien même notre narrateur exprime le souhait de voir celui-ci vider les lieux dans un avenir prochain, la disparition de Paul à la sortie du cimetière semble le déstabiliser au plus haut point. Ne sachant que faire, il va finir par prendre un train pour la Beauce. Ayant réservé une chambre dans un hôtel de Langeville, il décidera finalement de faire un saut à Chartres pour s'entretenir avec son rédacteur en chef, qu'il n'a pas eu l'occasion de voir en personne depuis un certain temps. Comme le courant passe plutôt bien entre les deux hommes, ce qui aurait pu constituer une simple échappée d'une journée finit par se prolonger l'espace de quelques jours, le temps pour Jean de faire d'une part l'expérience du quotidien de son hôte, et de l'autre, des rencontres surprenantes.
"La première personne qui me vint à l'esprit, à cet égard, et faute de pouvoir dialoguer avec Paul, fut Marianne, bien que j'eusse également songé à Marthe, qui, au demeurant, n'était évidemment pas disponible pour m'entendre. Marianne, donc, me disais-je, que j'hésitais à appeler, toutefois, car, m'avisais-je, ce que j'avais à lui dire n'était pas agréable du tout. C'était bien à elle, pourtant, que je devais confier, notamment, ça se confirmait, que je ne voulais plus la voir - ce qui était, ça se confirmait aussi, présentement, au-dessus de mes forces. Or c'est à ce moment qu'elle m'appela, et je décrochai. (...) Non, dis-je, ce n'est pas grave, il faut juste que je parte et qu'on ne se voie plus. Tu n'as pas besoin de partir pour ça, dit-elle. Non, dis-je, mais j'ai besoin de ne plus te voir pour partir. Je te fais peur ? dit-elle. Non, dis-je, ça n'a pas de rapport. Ecoute, Jean, dit-elle, tu es tordu. Tu es désagréable. Peut-être, dis-je. Je te quitte, dit-elle."
F.A.