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Des deux côtés du Pacifique

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Une actualité de Marie
Publié le 25/07/2013

http://www.lalettredulibraire.com/public/.En_meme_temps__toute_la_terre_et_tout_le_ciel_s.jpgQu’était-on en droit d’attendre d’une nonne zen américano-japonaise, sinon un roman comme En même temps toute la terre et tout le ciel de Ruth Ozeki ? A paraître chez Belfond à la rentrée littéraire, ce livre invraisemblable fait écho à la littérature japonaise traditionnelle, et plus précisément les Inovels (Watakushi shôsetsu). Pour vous résumer, il s’agit de l’adaptation japonaise du naturalisme au début du XXème siècle, que l’on pourrait traduire par « roman autobiographique », et qui s’écrit au fil de la pensée.

C’est ainsi qu’écrit Nao, jeune lycéenne de 16 ans, dans son carnet relié avec une vieille couverture d’A la recherche du Temps Perdu. Depuis un bar à hôtesses de Tokyo, elle nous raconte ses histoires. La sienne bien entendu, celle de sa famille, de son père dépressif qui rate jusqu’à ses tentatives de suicide, de sa fascinante arrière-grand-mère nonne et féministe et celle de son grand-oncle, kamikaze de la Seconde Guerre Mondiale quadrilingue et passionné de poésie.

Ce journal, c’est Ruth, de l’autre côté du Pacifique, qui le retrouve dans un sac plastique sur une plage. Serait-ce les débris du tsunami de 2011 qui commencent à s’échouer ? Écrivaine en mal d’inspiration, vivant sur une île isolée de tout, Ruth entreprend la lecture du carnet de Nao, sans se douter que cela va changer sa vie. Pourrait-elle même arriver à réécrire le destin de Nao, si celle-ci est toujours vivante ?

Nous passons du journal de Nao aux pensées de Ruth, accompagnée de son ami Oliver comme on passe d’une dimension à une autre. Toute ressemblance avec la vie de l’auteur serait parfaitement délibérée. En effet, la particularité de ce roman réside dans sa métafiction, sur la réflexion que demande la fiction. La mise en abyme de la lecture est parfaitement incorporée : après tout, nous lisons l’histoire d’une femme qui lit le journal de quelqu’un d’autre. Qui plus est, les notes de bas de pages et annotations du journal de Nao ne sont ni de l’auteur ni du traducteur, mais bien de la Ruth-personnage. On en vient donc à un brouillage des pistes tourbillonnant, où la frontière entre le réel et la fiction s’efface petit à petit. De plus, la question du temps est au cœur de l’œuvre, comment ressent-on le temps et son passage inéluctable ? On s’attache à ses personnages qui semblent sortir du papier, espérant secrètement que Nao ait terminé son journal...à temps.

Présent sur la première liste du Man Booker Prize, En même temps toute la terre et tout le ciel est un roman d’une riche puissance émotionnelle et une singulière expérience littéraire, à découvrir à la rentrée !

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