Fort de son succès les deux dernières années, Gallimard réitère son opération dans la collection L'Imaginaire en couplant réédition d'un titre et sortie en DVD du film qui en a été adapté. C'est le moyen très agréable de ranger dans sa bibliothèque un roman que l'on pourra se dispenser de lire puisqu'un cinéaste s'en est chargé... Ou celui de confronter à chaud sa lecture et les images qu'un autre en a tirées...Ou encore de s'émouvoir de l'incroyable distance qu'il peut y avoir entre deux arts et de cette manière qu'ont certains de parler d'un livre alors qu'ils ne se souviennent que de son adaptation... Ou enfin de disposer sous cellophane d'un objet composite qu'on se promet d'ouvrir à la meilleure occasion, en tout cas avant que le blue-ray ne supplante définitivement le lecteur DVD... Bref, que de raisons de ne pas tarder pour acquérir l'un des exemplaires d'un quatuor rappelons-le à tirage limité (il n'y aura pas de rééditions, c'est trop compliqué, et certains ont eu la mauvaise surprise l'an dernier d'arriver trop tard). Et la sobriété de l'ensemble que l'on peut mettre en regard de la désastreuse campagne orchestrée par Points Seuil avec leurs coffrets mauvais goût nous rappelle que la réunion de deux "supports" aussi différents réclame un peu de tact.
Ce quatuor est donc composé de :
Contes de pluie et de lune de Ueda Akinari (et du film de Mizoguchi) un classique japonais du XVIII° siècle qui nous confronte au surnaturel et au fantastique ;
La Bandera de Pierre Mac Orlan (et du film de Julien Duvivier avec l'inoubliable gueule de Jean Gabin) un des plus fameux romans d'aventure de l'entre-deux-guerres qui met en scène un assassin engagé dans la Légion espagnole : du vent, du sable, des sentiments et la langue magnifique de Mac Orlan encore un peu trop méprisé de nos jours ;
Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad, une longue nouvelle devenue mythique dans l'oeuvre du grand auteur anglais d'origine polonaise et que Francis Ford Coppola a (très) librement adaptée dans le furieux Apocalypse Now où Kurtz prend la figure de Marlon Brando, un texte étourdissant sur les prophètes devenus fous et la civilisation attirée par la barbarie ;
Mildred Pierce de James M.Cain, un récit réaliste et sombre qu'incarna Joan Crawford dans le film qu'en fit Michael Curtiz après-guerre, et une véritable exception trop peu connue dans l'oeuvre de cet auteur de romans noirs.
De belles soirées en perspective où vous pourrez prolonger dans votre lit l'émotion éprouvée dans votre salon.