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Doublé gagnant

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Une actualité de Véronique M.
Publié le 16/03/2016

                                                                            

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Alors que la saison des grands prix littéraires débute cette semaine, deux bonnes surprises viennent discrètement récompenser pour cette année 2009  des polars que nous avons remarqué et défendu depuis leur parution. Après 2008 qui a couronné l'excellent et terrible Zulu de Caryl Ferey (catégorie "roman français") ainsi que la première réussite  de la Suédoise Camilla Lackberg pour La princesse des glaces (Actes Sud), les honneurs reviennent au Bordelais Hervé Le Corre qui avait déjà fait notre unanimité pour Les coeurs déchiquetés (Rivages/Thriller - voir notre coup de coeur ) et au génial Irlandais Ken Bruen (voir ici un de nos blog  qui lui est consacré) avec sa cinquième enquête de Jack Taylor, La main droite du diable (Gallimard, collection "série noire").

La bonne surprise de ce double Grand Prix de littérature 2009 salue donc des talents déjà fort reconnus dans le vaste monde du  polar pour leurs romans bien noirs qui se distinguent par une belle densité d' univers ancrés dans le milieu géographique natal de leurs auteurs (Bordeaux et l'estuaire girondin pour Le Corre, Galway pour Bruen) alliée à la richesse littéraire de leurs compositions.

Quelques éléments pour vous rafraîchir la mémoire et pour ceux qui ne les connaissent pas encore...

Les coeurs déchiquetés (qui figure également dans la sélection du prochain Prix SNCF du polar) met en parallèle deux destins frappés par la "douleur des morts" (pour reprendre le titre éloquent du premier roman policier de Hervé Le Corre, réédité chez Pleine Page) : Pierre Vilar, flic bordelais désabusé et mélancolique depuis la disparition inexpliquée de son fils Pablo à la sortie de l'école il y a quelques années, va aider le jeune Victor à doucement se reconstruire à la suite de la perte de sa mère qu'il retrouve sauvagement assassinée à la sortie de l'école. Construit en subtils contrepoints et effets de miroir, ces histoires funestes se rencontrent au-delà de la question centrale du deuil quand Pierre et Victor sont harcelés par un fou qui détiendrait des informations clés à même de les délivrer de leurs démons. La présence crépusculaire mais nullement pittoresque de Bordeaux n'a d'égale que le regard pudique et puissant que jette l'auteur sur la misère de l'homme et l'injustice sociale et affective qui l'écrase.. telle la fameuse canicule qui s'abat sans discontinuer. Ce roman interroge le devoir de mémoire envers les êtres perdus comme seule capacité de renouer un lien avec le possible avenir qui s'offre, ce malgré la noirceur des âmes notamment capable de briser le "coeur" des plus fragiles.

Le thème de l'enfance martyre est également abordé dans La main droite du diable, mais ici avec le cynisme souvent libérateur  auquel  Ken Bruen nous a habitué. L'arme de l'ironie s'exerce autant à l'encontre de prêtres violeurs  que dans le combat de Jack pour se libérer du démon de l'alcool et de la  culpabilité qui le rongent. On goûte toujours avec plaisir les références à la littérature dans son ensemble (de Rilke à David Goodis), à la philosophie (forcément "pessimiste" : Pascal, Kieerkegaard) , à la musique (rock, jazz et blues, of course) . L'(en)quête identitaire (métaphysique) devient alors le miroir d'une société décadente, sans morale, ni foi sauf en un noyau d'humanité irréductible à l'individu, promesse d'un hypothétique salut. Notons la parution toute récente du sixième volet intitulé Chemins de croix, ce qui augure peut-être enfin du chemin vers la rédemption d'un de nos antihéros préféré !

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