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En l'état, major

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Une actualité de Olivier
Publié le 16/03/2016

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Parmi l'immense liste d'ouvrages adaptés au cinéma, on trouve souvent des best sellers... Quelques cinéastes tombent pourtant, parfois, sous le charme de titres moins "vendeurs", mais aux qualités indéniables. Il nous semble que c'est le cas avec Diamant 13, adapté de L'étage des morts, paru chez Albin Michel en 1990  - réédité cette année pour le film - puis en format de poche chez Rivages / Noir quatre ans plus tard. Cela nous permet de replonger avec délice dans l'univers romanesque d'Hugues Pagan, brillant polardeux ayant sévi dans les années 80 et 90.

 Puis, il disparait de l'édition et on le retrouve, brio et talent intacts, cynisme en poupe, dans le monde de la télévision - entre autre, scénariste du remarquable "docu-fiction" S.A.C des hommes dans l'ombre  - il participe à l'adaptation cinématographique de  Diamant 13 en tant que scénariste et co-dialoguiste... Parce que ça paie mieux, aurait sans doute dit un de ses flics à la dérive, qui philosopherait au petit matin après des nuits blanches teintées de clopes et de vieux blues, et tant qu'à recycler une histoire, autant être sûr d'elle... ( citons, à comparaître : (...) la voix trainante de la grosse black implorait le Seigneur, n'importe quel Seigneur. Avec des accents rauques d'une âpre et rude beauté qui tenaient beaucoup d'elle et pas mal de la gnôle de contrebande, elle se plaignait en vrac qu'il fasse de la tempête sous tous les cieux, sur toutes les mers, que son type (son homme) soit sorti par la porte de derrière en emportant le frigidaire et plus généralement qu'elle soit trop grosse, trop vieille et trop noire pour qu'un pote l'emmène danser - n'importe quel pote, Seigneur. Chacun a ses soucis et le blues en est plein. (...)Il s'appelait le blues de la grosse mémère.)

 On retrouve là la sensibilité de Pagan : la nuit omniprésente, les femmes, pas toujours belles, mais évidemment fatales (pour vous convaincre, ce passage : Après Calhoune, sauf ma bite, je n'ai plus jamais rien eu à offrir. Voilà, j'avais un passé - un passé mais pas d'avenir.) , qui serrent le coeur de ses anti-héros rouillés par le mal-être, la pluie qui tombe, le froid spécial des matins de départ... Dans L'étage des morts, la vieille litanie habituelle : de l'argent sale, un coup facile, puis des têtes qui tombent...En jargon, on parlerait de  l'Usine, endroit où la tentation est omniprésente ;  aucun flic n'en est d'ailleurs à l'abri. Le narrateur nous raconte sa chute, inexorable.

Une dernière, comme pour la route : Il ne faut pas croire que j'en avais vraiment envie, mais descendre, c'est ce que nous faisons tous un jour ou l'autre. Il ne faut pas croire non plus que c'est très difficile. Le plus dur, c'est seulement de s'y mettre.

* Toutes les citations proviennent de L'étage des morts.

 

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