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Faire Guignol - Paul Fournel

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Une actualité de Lucie
Publié le 23/03/2019
"Laurent Mourguet, saltimbanque" : c'est ainsi que l'acte de décès résume la vie de cet homme qui fit Guignol. Car avant de devenir ce visage (décliné sur tous supports touristiques possibles) et ce nom (devenu commun, comme Dom Juan), il fallut bien qu'un homme l'inventa.
Paul Fournel propose dans son dernier roman de lever en partie le voile sur l'itinéraire de cet homme, ancien canut lyonnais devenu homme de spectacle par la force des choses, et de la révolution qui a vu fermer une à une toutes les usines à tisser de la ville. Père de famille très nombreuse (dix gônes en tout), ne sachant ni lire ni écrire, Mourguet a subsisté en devenant d'abord arracheur de dents sur les marchés, profession qui nécessite à l'époque de savoir détourner l'attention de l'infortuné patient par forces mimiques et baratin. Prompt aux bons mots et toujours ravi de pouvoir pousser la chansonnette, il parcourt Lyon et sa région avec son petit castelet de polichinelles. Il finira par créer Guignol, son avatar au visage rond et malicieux, pour représenter les ouvriers et artisans lyonnais face à l'autorité qui aimerait pouvoir museler les révoltes et cantonner l'art populaire aux lieux fermés officiels.

Mourget n'a laissé aucune trace écrite de son travail, et s'est effacé derrière sa créature : Paul Fournel rend justice à cet homme que nous avons oublié. C'est un vrai bonheur d'errer aux côtés de Mourguet et de son "parler lyonnais", et de retrouver le goût de l'enfance et de la provocation naïve mais généreuse avec Guignol, personnage de bois mais surtout de verbe, qui appartient non pas à son créateur mais à nous tous, désormais.


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