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Farfadets

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Une actualité de David V.
Publié le 30/08/2013

un farfadetSeumas O'Kelly n'est donc plus si mort que cela... Après la réédition tant souhaitée du fabuleux La Tombe du tisserand (lire notre blog du 28 avril), voici qu'un jeune éditeur, Anabet,  entreprend de s'attaquer aux oeuvres inédites de cet inconnu des lettres irlandaises et nous régaler d'une joyeuse histoire de lutins qui, après la bière, paraît être une belle spécialité de ces terres verdoyantes. La bière, O'Kelly a dû en ingurgiter pas mal, comme son successeur Flann O'Brien, autre génie alcoolisé qu'on devrait se dépêcher de lire si l'on veut passer un moment hors du temps et lui aussi traduit par l'excellent Patrick Reumaux, l'ardent défenseur des frères Powys ou de Sheridan Le Fanu, si l'on en juge par le degré de réalité des êtres qui peuplent ses histoires et dont on ne doit pas une seconde douter de l'authenticité. Chez O'Kelly, il n'est pas exceptionnel de tomber sur un farfadet en train de tenter de vous délester des quelques pièces durement acquises, l'important est de croire ce qu'en raconte Tom Kelleher assis dans le champ le soir entouré d'une assemblée attentive et ce qu'il a à nous apprendre sur ce monde des fées et des lutins qui doublent le nôtre et dont nous avons oublié de nous préoccuper. Ce vieux Tom a fait l'expérience de s'assoupir par un beau soir d'été au bord du chemin et d'attirer ainsi un vieux farfadet insolent et agile, n'ignorant pas que, s'il s'en saisissait, il aurait droit à une marmite pleine d'écus. L'appât du gain et un goût du risque très mesuré vont l'entraîner dans une folle course à rebondissements derrière cette créature sans âge et sans vergogne qui se rit de l'avarice des hommes et va mener ce bon vieux "aux portes de la mort" comme il le confesse exténué. On ne fréquente pas les êtres mythologiques, si petits soient-ils, sans exposer à de curieux tourments. Il est rare de faire accepter encore à nos coeurs endurcis l'esprit de merveilleux tel celui qui plane sur ce livre enjoué : que l'on joue un peu le jeu et les deux heures de lecture en compagnie de ces êtres frustes, philosophes à leur façon, se transformeront en un inégal moment de réconfort. Alors oubliez tout ce que vous savez sur la littérature irlandaise, mettez Joyce et Beckett de côté et profitez du doux esprit satirique du rarissime Seumas O'Kelly, ses farfadets vous le rendront.

Le farfadet de Kilmeen, à paraître le 11 novembre prochain...

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