Chargement...
Chargement...


Il était un Fois

288_il-etait-un-fois
Une actualité de C.C.
Publié le 09/05/2013

Marcello FoisMarcello Fois n'est plus un inconnu pour les lecteurs français : cet auteur Sarde a déjà composé des policiers (dont Un silence de fer) qui lui ont assuré un public. C'est dire si nous étions impatients d'ouvrir son prochain roman à paraître à la Rentrée. Excellement traduit par Jean-Paul Manganaro qui restitue le style qu'on imagine âpre de cet écrivain venu d'une terre difficile, Mémoire du vide nous immerge dans une véritable tragédie sur le mode grec avec l'histoire de Samuele Stocchino, personnage réel transmué en être fictif, bandit célèbre du début du siècle qui poursuivit tout au long de son existence un chemin de vengeance. La force du livre de Fois réside dans sa volonté de s'accaparer cette figure pour en percer les mystères et en imaginer les origines.

Dans la vie du personnage, il y a un acte fondateur, un geste originel dont va dépendre toute la vie future : la scène d'humiliation subie par le père qui, réclamant de l'eau à un tonnelier, se voit insulté et rejeté. Il y a ce signe magique, cette lettre "s" tracée au sol, qui marque la terre d'une empreinte éphémère et pourtant inscrite dans la chair d'un enfant décidé à ne plus se laisser bafouer. Il y a aussi le poids des croyances ancestrales transmises par les femmes qui savent avant les hommes le destin qui les attend, qui possèdent des dons terribles, tel celui de la tante de Samuele qui devine à travers les êtres l'animal qui sommeille en chacun. Ce loup qu'elle voit chez son neveu est signe de ravage et de destruction, il s'illustrera pendant cette première Guerre que le héros traverse, donnant leu à des scènes magnifiques, et on aura beau tenter de l'exorciser, il se manifestera, le moment venu, faisant de ce garçon un marginal impossible à dompter, quand bien même l'amour apparaitra. Comme dans le fameux Avril brisé d'Ismail Kadaré, l'idée du fatum qui s'empare des êtres, de l'acte qui va déclencher la vengeance est omniprésente. Et si les protagonistes sont des gueux, leur destin les transforme en figures de tragédie. Apre comme la terre qui l'a fait naître, dur comme les rochers qui parsèment ses paysages montagneux, tellurique comme ses personnages ardent, Mémoire du vide s'impose comme un grand roman dont il est certain qu'on reparlera.

Abonnement

Derniers articles du blog "Ces mots-là, c'est Mollat" envoyés chaque semaine par mail