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J'veux du soleil !

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Une actualité de Véronique M.
Publié le 19/03/2016
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"Depuis toujours, j'ai rêvé d'une chanson Dont les vers Seraient comme les dunes en bordure de mer, Edifiées sans rime ni raison "    Ismail Kadaré

 

Il serait prouvé que la diminution de l'ensoleillement pendant l'hiver favorise la déprime des plus vulnérables... A défaut de luminothérapie ou de vacances prolongées dans l'hémisphère sud, offrez-vous un voyage imaginaire sur les rives de la mer Méditerranée avec vingt-quatre escales comme autant de rencontres surprenantes. Du berceau grec des origines à la lointaine Europe de l'Est (Croatie, Slovénie, Bosnie-Herzégovine, Albanie...) en passant par le Liban, la Palestine, l'Algérie ou le Portugal (sans oublier nos poètes français aussi inspirés par "cette alliance étonnante entre la terre et la mer" selon Yves Bonnefoy qui signe une splendide préface à cette édition), ce sont cent un poètes vivants, de quatre générations différentes et accompagnés de leur texte original, soit pas moins de dix-sept langues (et cinq alphabets) qui viennent d'être réunis dans une anthologie aussi ambitieuse que réussie. Publié grâce à l'éditrice et traductrice d'origine égyptienne Eglal Errera dans la fameuse collection de poche Poésie/Gallimard et en collaboration avec Culturesfrance, pour un prix très raisonnable (950 pages, 12 euros), ce vaste panorama bilingue de la poésie mondiale et contemporaine n'a pas seulement le mérite de nous dépayser de la morosité ambiante (hivernale ou pas) : elle nous révèle combien, à mille lieux de considérations (géo)politiques ou de rêve de "consensus tièdes" entre nations, la création -poétique- ne s'embarasse de "frontières" (linguistiques, culturelles, idéologiques), mais tente d'habiter l'inhabitable (selon le voeu du poète romantique allemand Hölderlin) . Avec pour seuls horizons leurs langues (ici respectées et restituées dans leur élan initial), le lecteur pourra bien entendu, y compris en se rendant au rayon poésie de la librairie qui met à l'honneur cette parution des Poètes de la Méditerranée ainsi que divers recueils des auteurs présents, reconnaître quelques noms familiers (Yves Bonnefoy, Jacques Roubaud, Bernard Noël, Jean-Pierre Siméon, ou le Toulousain Serge Pey) souvent francophones (Salah Stétié, AdonisAndrée Chedid, Tahar Ben Jelloun, Vénus Khoury-Ghata, Abdellatif Laabi)  mais, surtout, partir à la découverte d'écrivains (la plupart femmes...) pour beaucoup inédits en France : par exemple la poésie contestatrice de la Turque Gulten Akin, la Serbe Tanja Kragujevic (qui publie dans son pays Borges ou Sylvia Plath), l'Irakienne écrivant en hébreu Haviva Pedaya, l'Italienne et traductrice du français Patrizia Valduga, ou encore ce poème de la Slovène Erika Vouk qui semble unir en un même chant la voix de la mer et des hommes :

"Le long du lit tari / je cours et je t'appelle/toi qui es autre ; / qui ne sais rien des vagues / ruées sur les mots et la peau, / rien des marées / cruauté tendre, / rien de l'eau qui se perd en soi, / rien des charmes du sud, / rien de ce temps / qui fait de moi une autre. "

 

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