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L'ami Rico

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Une actualité de David V.
Publié le 16/03/2016

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Pierre Assouline viendra nous entretenir de son étonnant Autodictionnaire Simenon, juste paru chez Omnibus, le mardi 24 novembre prochain et nous nous en réjouissons fort car depuis la sortie de sa biographie de référence sur le grand Belge il s'est imposé comme celui qui sait le mieux le faire connaître et surtout le faire aimer. Nous avons pu en septembre apprécier l'impressionnante série d'émissions qu'il lui a consacré sur France Culture, succession de débats, d'archives et d'analyses, à même de nous rappeler non seulement la complexité du personnage et de l'écrivain mais encore ses zones d'ombre. Dans l'Autodictionnaire, il s'est lancé un défi que permet seul l'étendue de l'oeuvre de Simenon : ne se servir que de ses mots pour visiter ses univers et pour cela, il a fouillé jusque dans les recoins les plus reculés, faisant de la citation un art à part entière, un art risqué car citer c'est parfois trahir ou déjà interpréter. Car s'il a pris sa retraite du roman assez tôt, Simenon n'en a pas moins continué à se raconter pendant des années dans ses fameuses dictées (qu'Assouline ne considère pas comme des oeuvres littéraires à part entière) et à délivrer des informations. Quand on est un fin limier comme notre biographe qui sait parfaitement lire entre les lignes sans jamais cesser d'être admiratif, on y peut puiser des nuances et des éclairages neufs. Mais nous en aurons l'occasion d'en parler avec lui et de revenir sur ce formidable ouvrage, épais et attachant. C'est souvent comme ça avec l'étrange Monsieur Sim, il suffit qu'on parle de lui ou qu'on évoque ses films (pensons à l'étonnant documentaire diffusé sur Arte la semaine dernière sur le commissaire Maigret qui donnait envie de revoir tous ces films adaptés pendant des décennies, y compris ceux où Jean Richard n'était pas complètement bloqué par sa paralysie peu dramatique) pour avoir le mouvement de relire un de ses romans, dangereuse tentation car le plaisir est tel qu'on aurait tendance à vouloir le répéter. L'occasion s'est présentée avec l'opération lancée par Omnibus, l'éditeur des oeuvres complètes, qui offre actuellement à tout acheteur d'un volume l'exemplaire du joli album réalisé il y a quelques années autour du roman Les frères Rico illustré par Loustal. D'un large format qui nous change agréablement du triste rectangle de poche, il reprend un des plus fameux romans de la période dite américaine de l'auteur lorsqu'après-guerre, pour changer de l'air vicié de l'Europe il tailla la route aux Etats-Unis. Le thème de la mafia y est abordée avec toute l'instinctive intelligence de Simenon qui nous fait pénétrer par la porte la moins prévisible cet univers de l'ombre. Le héros est un "petit" mafieux qui s'est taillé avec prudence un beau territoire en Floride où il mène une vie d'apparence rangée. Il a connu la misère des petits italiens de New York et rêve de ne jamais renouer avec ce goût amer et persistant. Son équilibre va s'effriter quand il reçoit une convocation d'un parrain et qu'il découvre que ses deux frères sont dans de sales draps. On compte sur lui pour règler une poisseuse besogne qui va lui renvoyer son passé à la figure. Et c'est là que tout le génie de Simenon s'impose : la précision implacable des portraits psychologiques nous fait vivre de l'intérieur les basses oeuvres d'Eddie Rico.

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