Le titre même de ce court ouvrage est déjà une annonce : Thomas Vinau est poète, auteur à ce jour d'une vingtaine d'ouvrages dans lesquels il s'attache à observer ce que beaucoup oublient faute de savoir même s'y intéresser, ces soit disant petites choses, petits riens. Juste s'arrêter, savoir poser un regard, c'est la quête de ce "militant du minuscule".
Tout part d'une idée pour le narrateur : "L'idée de partir était comme un petit feu de bois placé au centre de son cerveau. Au bout de quelque temps, il comprit que les flammes ne s'éteindraient pas d'elles-mêmes." Et le voilà parti, laissant derrière lui Sally, celle à laquelle, tout au long du voyage, des fragments d'impression vont parvenir. Voyageur en quête de paysages et de rencontres, Walther se gorge de couleurs, de parfums et d'instants, jusqu'à retrouver l'essentiel sans doute, Sally et son ventre rond, Sally et leur enfant. Après l'ailleurs vient le temps du tout petit, de la lumière qui change, des saisons qui passent, du vent et de la pluie, les "heures de rien". "Ces jours de rien qui passent sans faire de bruit. Ces heures comme des courants d'air dans la pièce entrouverte. La lumière sur le carrelage propre. L'inclinaison de l'ombre du tilleul sur l'herbe."
Cette célébration de l'anodin "ce minuscule qui nous sauve" ne se fait pas sans douleur : l'ombre d'un doute, d'une peur s'immiscent parfois dans ce qui pourrait paraître si paisible et si doux. Tout n'est pas si facile, tout est à bâtir et c'est ce que font en somme tous ces instantanés comme autant de poèmes qui se donnent la main de page en page. Construire, une vie et une oeuvre, en écho.