Amis lecteurs de nouvelles, approchez-vous ! Si le nom de Sergi Pàmies ne vous dit encore rien, espérons que cela ne dure pas... Cet écrivain, traducteur1 et éditorialiste sportif qui a un pied dans l'univers médiatique catalan est né à Paris en 1960 de parents réfugiés politiques. Installé à Barcelone depuis le début des années 1970, sa langue d'écriture est celle de Pere Calders et Josep Pla. Son oeuvre est essentiellement constituée de recueils de contes et nouvelles (Aux confins du fricandeau, Infection, On ne peut pas s'étouffer avec des vermicelles, Le grand roman de Barcelone,2 Le dernier livre de Sergi Pàmies), mais comprend également trois romans (La première pierre,3 L'instinct4 et Sentimental). En français, ces titres sont pour la plupart publiés par les Editions Jacqueline Chambon, qui auront d'ailleurs le plaisir de nous faire découvrir son dernier ouvrage en septembre prochain, à savoir un recueil comprenant une vingtaine de nouvelles intitulé Si tu manges un citron sans faire la grimace.5
Le recueil qui attire notre attention aujourd'hui est Le dernier livre de Sergi Pàmies. L'on ne peut qu'être interpellé par l'étrangeté – sans compter le manque d'originalité et l'éventuelle dimension programmatique – de ce titre. Comme vous l'aurez compris si vous avez bien lu ce qui précède, ce ne sera pas son dernier livre. Dès lors, comment faut-il l'interpréter ? "Il y a là de l'ironie, nous explique l'auteur. Je voulais réfléchir sur la disparition des titres. Les gens entrent dans les librairies et demandent "Le dernier roman d'Echenoz," on oublie les titres, on se trompe de titre, alors c'est une manière de prévenir les lecteurs : attention, les titres existent ! C'est un livre de nouvelles. Neuf histoires tristes mais que les gens lisent avec un sourire sur les lèvres..."6
Cette dizaine de nouvelles est un véritable petit bijou qui témoigne une fois de plus du génie de Pàmies. Il nous raconte des histoires drolatiques dans un style inégalable qui trahit un regard parfois impitoyable sur la vie quotidienne de l'homme moderne. « Le fond est toujours triste – parfois franchement poignant, plus ou moins implacable – mais jamais totalement désespéré, » écrit Véronique Rossignol pour Livres Hebdo au moment de sa parution en France. Il s'agit toujours de situations de la vie ordinaire (une visite chez le médecin, l'acquisition d'une nouvelle voiture, la fréquentation d'une librairie...) qui servent finalement de prétexte à des réflexions empreintes d'une indéniable profondeur ; celles-ci concernent tantôt la maladie, le deuil, la norme, la solitude ou encore le travail d'écriture. Si elles sont inégales en taille, l'intégralité de ces nouvelles sont le lieu où s'expriment des interrogations quelque peu métaphysiques, voire parfois des angoisses existentielles. Qui plus est, le choix de cette galerie de personnages sans noms – le père, l'homme, le chasseur... - confère une dimension éminemment universelle à l'ensemble de ces contes et contribue à faire en sorte que la lecture de cet avant-dernier livre laisse une impression à la fois forte et durable.
Nous ne pouvons donc que vous enjoindre à le lire et à attendre le 17 septembre avec autant d'impatience que nous...
N.B : Non seulement il ne faudra pas vous fier au titre, mais vous éviterez de croire l'éditeur quand il précise qu'il s'agit d'un roman... A croire que c'est intentionnel !