Quatre ans tout rond après le succès retentissant de Loin de Chandigarh, Tarun J. Tejpal revient avec un roman qui promet encore une fois de faire parler de lui. Bien qu'il continue d'être publié par les éditions Buchet-Chastel, son nouveau roman, intitulé Histoire de mes assassins, diffère très fortement du premier.
Si les données de départ sont des plus simples - un journaliste renommé apprend un dimanche matin par la télévision que l'on a tenté de mettre fin à ses jours -, Tejpal nous embarque néanmoins dans une histoire passionnante au cours de laquelle est effectuée une radiographie de l'Inde sur la période allant de la partition à nos jours. En effet, au cours de ce livre qui ne peut que frapper le lecteur par la perfection de sa construction narrative, va être dessiné tour à tour le portrait de cinq hommes - ces cinq individus que tout séparait avant qu'ils n'aient en commun un seul et même dessein meurtrier. Ainsi, il raconte l'histoire de Chaku, de Kabir M, de Kalya, de Chini et de Hathoda Tyagi. Loin de les condamner sans réfléchir, l'auteur nous invite à admettre qu'ils puissent être victimes du pays qui les a vu grandir, en invoquant les maux bien connus de l'Inde post-Partition, à commencer par les problèmes de caste, la religion, la pauvreté, et la corruption...
Il signe un véritable roman coup de poing, dans lequel on retrouve la verve et l'humour qui le caractérisaient déjà dans Loin de Chandigarh, lui promettant ainsi un accueil des plus chaleureux.
En guise de teaser, voici les délectables premières lignes...
"Un couteau est un bel objet. Il n'est pas fait pour tuer. Pour ça, il y a le pistolet. Le couteau sert à effrayer, à semer la terreur dans la mémoire de ton adversaire. Le couteau est un instrument d'orfèvre, le pistolet un ustensile de quincailler. Une balle ne te donnera jamais la finesse, la précision d'une lame. Avec un couteau, tu peux décider de la punition exacte que tu veux infliger. Faire une incision de douze centimètres de long, un trou de cinq centimètres de profondeur, trancher la moitié d'un doigt, épointer le nez, sectionner la langue en deux, couper un testicule en rondelles, agrandir la taille d'un trou du cul, effiler les oreilles, dessiner une fleur sur un torse, une étoile sur une joue. Tu peux réaliser toutes ces jolies choses. Si les circonstances l'exigent, tu peux aussi sortir les entrailles, découper le coeur, planter un drapeau dans la cervelle. Avec un pistolet, une seule chose est possible : un trou dans la peau. Les tueurs utilisent une arme à feu. Les artistes préfèrent l'arme blanche."
F.A.