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L'enfer commence ici

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Une actualité de Véronique M.
Publié le 25/03/2016

"Un thriller génial ! Un premier roman dont on n'a pas fini d'entendre parler. Votre libraire l'a dévoré en deux jours..."

   Ce commentaire dithyrambique orne depuis deux jours un de nos fameux petits cartons que nous avons apposé sur la couverture de la dernière publication des éditions Sonatine : Robert Pobi, L'Invisible. Il est quelquefois assez difficile de résumer en une formule l'impression laissée par la lecture fiévreuse d'un tel livre. La presse et les médias ne se sont pas encore vraiment emparé de cette parution toute récente (la semaine dernière), mais gageons sur un bouche-à-oreille formidable qui ne va pas tarder à s'amplifier : nous nous souvenons du phénomène d'Avant d'aller dormir,  premier roman d'un inconnu S.J Watson, sorti exactement à la même date l'année dernière chez Sonatine. Gageons de même que cette nouveauté va bientôt devenir un des polars de l'été et de l'année, car L'Invisible frappe bien plus fort !

  Le Canadien Robert Pobi nous amène dans la ville de Montauk (Nouvelle-Angleterre), dévastée par un ouragan qui emporte tout sur son passage dès l'ouverture du roman : comment ne pas penser que ce déluge aura des résonances tant matérielles que symboliques, les fantômes refaisant alors surface ? L'Apocalypse n'est pas loin, en effet : l'agent spécial du FBI Jake Cole, acteur central de cette intrigue, est un homme au corps entièrement tatoué du 12ème chant de L'Enfer de Dante, réminiscence d'un passé tortueux qui n'a pas de mal à se rappeler à lui en la personne de son vieux père Jacob atteint de la maladie d'Alzheimer et qui vient de frôler la mort : celui qu'il a fui pendant trente-trois ans a besoin d'être maintenu en maison de repos quand débute l'action, soit trois jours avant le déchaînement des éléments et... de la "vraie" folie. Ce difficile retour dans la maison familiale, jonchée de détritus mais également des peintures de Jacob Coleridge, créateur visionnaire à l'égal de Jackson Pollock ou de Francis Bacon, ne serait rien si un appel à la collaboration de Mike Hauser, le shérif du coin, ne rappelait pas Jake à de sombres souvenirs de jeunesse.  La macabre découverte de deux corps écorchés vifs  fait alors écho à l'assassinat non résolu de la mère de cet agent fédéral, retrouvée dépecée de la même terrifiante manière en 1978, sans qu'aucun suspect ne soit appréhendé. A l'instar de ce père honni mais célèbre, Jake a développé un don particulier d'observation très développé pour lire les scènes de crime, comme si lui-même pouvait en reconstituer les moindres nuances à partir des indices laissés par la palette du meurtrier : " je peins les morts " , résume-t-il justement à la fin du chapitre 7. Fort de cette acuité exceptionnelle et malgré les mises en garde de son père, Jake ne tarde pas à identifier cette nouvelle affaire à son propre traumatisme qui l'a conduit à exercer ce métier, à tomber comme son père dans l'alcool et la drogue, puis à s'échapper à New York. Et si le fil invisible, la pièce manquante de ce puzzle sanglant se nichait dans l'héritage des milliers de portraits du même "homme sans tête" exécutés par ce père halluciné et abandonnés à l'intention de Jake, tel un vaste code à déchiffrer  ? Pourquoi Jérémy, le fils de Jake venu avec sa mère le retrouver à Montauk avant l'imminence de la tempête, parle-t-il d'un mystérieux individu qu'il nomme "l'homme du sol" et qui ressemble étrangement à cet "homme de sang" ("Bloodman" est le titre original du roman) reproduit tant de fois par Jacob ?

Quand le lecteur croit détenir une piste, deviner l'identité de l'écorcheur, sachez que vous n'êtes pas du tout au bout de vos surprises avec ce thriller original et machiavélique qui n'est pas sans rappeler, monde de l'art oblige, l'excellent premier roman de Jesse Kellerman, Les Visages (2009 aux éditions Sonatine puis repris en collection Points). Car la fin, oedipienne à souhait, déjoue TOUTES les hypothèses échafaudées - la lecture de ce blog en dit bien moins qu'il n'y paraît - et laisse véritablement ébranlé par tant de virtuosité. L'Invisible de Robert Pobi vous convaincra à coup sûr que les meurtriers ne sont pas les seuls artistes que l'on soupçonne trouver, même au fond de l' enfer !

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