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La course de l'hispano à travers les pins

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Une actualité de David V.
Publié le 19/03/2016

L’Homme à l’hispanoQuelle bonne idée a eu l'éditeur du Festin en exhumant un titre d'avant-guerre inexplicablement introuvable aux catalogues des grandes maisons oublieuses : L'homme à l'hispano a fait frémir nos grands-mères et grands-pères pour qui le nom de Pierre Frondaie évoquait le succès et la réussite. D'autant que plusieurs films adaptés de son best-seller connurent une belle carrière. Mais je vous parle d'un temps que les moins de cent ans peuvent ne plus connaître, et c'est grand dommage car si la nostalgie n'est plus ce qu'elle était, elle a encore de beaux jours devant elle. Paru en 1924, ce roman vrombissant a été écrit à Arcachon où l'auteur résidait (et où d'ailleurs sont conservées ses archives) et à lui seul il résume bien des aspirations et des tourments d'une époque point si belle que le souvenir qu'elle a laissé, années folles où la vitesse précipita des hommes et des femmes vers des drames splendides avant l'horreur de la guerre retrouvée. Glamour, c'est bien l'adjectif, de nouveau en vogue, qu'on appliquerait volontiers à ces pages qui reconstituent cette Côte d'Argent et ses mirages, époque des casinos, des fêtes sans fin, de l'argent vite gagné et aussitôt perdu, des illusions et des trompe-l'oeil. Le héros du livre n'a plus rien, son héritage est parti en fumée, mais son appétit de réussir se double d'une vergogne vertigineuse. Dans un monde d'apparences il ne lui est pas difficile de se faire passer pour rentier oisif à la recherche de l'amour. C'est une jeune femme désorientée qui va faire les frais de son audace. Nulle part mieux que dans ce livre nous est dépeint le climat de Biarritz, cette ville où la mondanité tient lieu d'art de vivre. Rarement et avec autant d'apparence du contraire on aura aussi bien su parler de l'effondrement d'un monde qui confond lumière et brillance, vitesse et précipitation... L'homme à l'hispano, tenu par une écriture magnifique mais pas baroque, mérite de retrouver des lecteurs, et pas seulement ceux qui soupirent en voyant passer ces augustes et anciennes voitures au luxe trompeur qui donnent au passé un lustre illusoire.

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